IBIZA - CARBONERAS


Vendredi 1er décembre 2000

9h58
Démarrage du Volvo pour chauffe. J’enlève la housse de grand voile et en avant pour le passage entre Formentera et Ibiza. Pour l’instant pas de vent ! ( Hasard ! )

10h58
J’allais franchir cette passe au moteur, et puis, je me suis ravisé, ou ressaisi, comme on veut. Que diable ! C’est un voilier que je possède, alors on y va a la voile par vent plein dans le nez par rapport à la direction que je dois suivre pour passer au travers. C’est la vie ! On prend le temps de vivre. J’ai aussi disposé le canot gonflable sur le pont cette fois ci. L’écoute de Génois a tendance à s’accrocher là dessous. Méfiance !

21h14 Voilà ! Toute une journée passée au prés serré. Je retraverse le bras de mer qui me sépare de l’Espagne. Il fait nuit noire. Winnibelle trace sa route lentement sans à-coups. J’écoute une cassette paisible, celle que m’a enregistrée Kristin sur les chants des indiens d’Amérique. Je suis couché en attendant la fin des 20 minutes de repos avant le tour d’horizon. Seul avec mes pensées, j’en arrive souvent au même sujet : mon fils et l’immense déchirure qui me taillade l’âme de part en part… Seul avec mes pensées plus noires que la nuit qui m’entoure. Toujours les même démons, la même injustice qui perdure, tenace. Quand cela s’atténuera-t-il ? Atteindrais-je jamais une forme de paix intérieure comme celle que j’ai perdue depuis longtemps déjà, depuis que des monstres m’ont enlevé mon fils.
Cette solitude que je veux savourer se voile si souvent d’un spectre cauchemardesque.
Il faut oublier, penser à autre chose. J’essaye de me focaliser sur les bruits du bateau, de l’eau qui court le long de ses lignes fines. Cette nuit est douce.
Pas trop de vent, juste assez pour l’emmener vers la sortie.

 
Samedis 2 décembre.

2h45
Je viens de virer de bord en face du cap de la Nao. Il n’y a plus de vent, je me traîne vers le rail des cargos. En résumé, vivement que je sois sorti de cette Méditerranée. Même le pilote ne sait plus comment gérer la situation, il se bloque en fin de course en émettant une vibration courroucée. Il va falloir que je fasse quelque chose.
Le vent se lève un peu mais oriente dans une direction qui m’oblige à m’écarter encore plus de ma trajectoire. Au lieu de descendre dans le 180, je m’éloigne de la cote vers le 150. C’est décourageant cette pétole mal embouchée. Elle semble vouloir me retenir à tout prix dans ce coin. Le vent (toujours lui) se maintient à peine.

J’essaye de dormir, mais, si près des cotes, il demeure faible et très instable en direction. De plus, le trafic est dense. Je suis obligé de sortir souvent et de rester éveillé pour gérer les éventuelles trajectoires d’impact. C’est éprouvant ! Aussi, je prends la décision de naviguer au large de manière à pouvoir me reposer tout en bénéficiant de vents plus soutenus, même si ce satanique sud ouest persiste à présenter son nez têtu face au mien. Alors me voici bientôt à 120 kms de la cote. Le vent est force 5, j’avance dans le 180.
Je ne m’arrêterai pas à Alicante.

20h00 Cela fait deux jours que je suis parti d’Ibiza et je suis entré dans la deuxième nuit.
A la radio, s’apprête à démarrer la Nième journée du championnat de France de football en duplex sur RMC, quand j’aperçois au loin une zone sombre zébrée d’inquiétants éclairs. Je regarde le phénomène sans comprendre vraiment ce que cela veut dire. Il y a un orage à l’horizon. Simple constatation qui en temps normal ne provoque pas de réaction particulière. On se prépare tout au plus à rentrer à la maison et à laisser passer. Mais ici, à 80 miles au large de Carthagène, cet orage devient une menace de plus en plus sérieuse. Je commence à « flipper ». Je ne m’attendais pas à traverser des orages en plein hiver.
Et pour comble de manque de préparation, je n’ai pas installé le dispositif de mise à la masse (dans l’eau) du pataras (câble qui maintient le mât à l’arrière du bateau).
Mon père m’avait donné une grosse tresse de cuivre pour relier le pataras à l’eau de mer. En cas d’orage, on déroule la tresse et on la laisse traîner dans l’eau. Si la foudre atteint le mât, l’énorme quantité d’électricité doit pouvoir s’échapper en passant, au moins par un des haubans, une grosse tresse, puis l’eau de mer.
Tandis que le vent fraîchit et le ciel s’assombrit de nuages menaçants (il est 20h15), je me catapulte en vitesse sur la clef à molette, les deux serre câbles achetés spécialement pour l’occasion , et encore dans leur emballage et la tresse de cuivre. Enfin, après quelques efforts d’acrobatie, le système est en place et la tresse traîne dans l’eau en faisant de jolies ondulations phosphorescentes. Mais c’est pas pour autant que je souhaite me recevoir la foudre sur la gueule ! Alors je scrute, inquiet, nerveux.
Apparemment, vu la direction actuelle du vent, (dans le pif comme toujours !) le gros orage devrait passer sur mon arrière, donc ça devrait aller. Sauf qu’en y regardant de plus près, les éclairs semblent se rapprocher.

Tout l’horizon commence à se lézarder dans toutes les directions. Je vois même clairement des éclairs frapper la surface de la mer ! J’ai compris, je vais y avoir droit ce soir.
J’ai l’impression d’être un skieur en plein sur la trajectoire d’une avalanche. Tu la vois arriver et tu n’y peut strictement rien. Il n’y a pas plus frustrant que ce genre de sensation. Parce que lorsqu’un orage te tombe dessus avec des éclairs partout, tu as beau regarder autour de toi, il n’y a que ton mât qui dépasse stupidement, comme pris en flagrant délit d’existence, de cette étendue d’eau foutrement et désespérément plate ! ! ! Il paraît qu’il ne faut pas se mettre sous un arbre pendant l'orage.
Alors on peut facilement imaginer l’air con que j’ai, assis sous mon mat, le seul truc haut, pointu et extrêmement conductible qui dépasse ! ! Mon estomac s’est noué.
Je sais maintenant d’ou vient l’expression « avoir la peur au ventre ». Si peu de temps après mon départ, j’allais sûrement recevoir la foudre sur le mât.
Je me suis imaginé les pires situations en partie inspirées de faits réels racontés par des navigateurs expérimentés, y compris mes propres parents qui se la sont reçue au large des côtes de l'Equateur ! Dans certain cas, les dégâts sont considérables. Je me voyais déjà (certainement pas en haut de l’affiche !) démâté en train de couper les câbles et haubans. Je me voyais en train d’actionner la survie qui refusait de se gonfler (vu la vétusté).
Et tout ça à 80 miles des côtes ! Et l’orage avance résolument avec ses éclairs de plus en plus puissants, de plus en plus proches. Finalement ça me tombe dessus, le vent passe presque immédiatement à la force 7 dans le nez (mais ça c’est pas nouveau !), je prends 2 ris et réduis considérablement le triangle avant.
Les éclairs frappent partout et en même temps. Le ciel est illuminé, le vacarme assourdissant, il pleut, il fait froid et moi je prie tous les dieux de la planète et de l’univers d’épargner mon petit bateau. Vous pouvez pas me faire ça a moi ! Je tente d’établir un dialogue rationnel, une quasi-négociation avec le gérant cosmique pour obtenir ne dérogation ce soir.
Faites tomber la foudre là ou bon vous semblera mais, s’il vous plaît, pas sur moi. A chaque éclair qui zèbre puissamment le ciel, au dessus de ma tête maintenant, je me ratatine dans le cockpit comme un animal traqué. J’ai peur. On est loin du bureau ! J’ai eu de la chance, ou bien, on m’a entendu... L’ensemble s’est déplacé sans me trucider.

Puis c’est le calme plat. Le ciel est à nouveau étoilé. Il fait bon, l’orage n’est plus qu’une grosse outre zébrée d’éclairs, la bas au loin. La luminosité du croissant de Lune est merveilleuse et je respire enfin. Je renvoie toute la toile avec une nouvelle direction à suivre car le vent, très faible, est passé à l’ouest nord ouest. Cela me permettra de revenir vers la cote sans virer de bord. Je me déshabille parce qu’en fait, j’étais harnaché de haut en bas avec l’équipement des grands jours.
Avec cette pétole, je vais pouvoir me reposer à défaut d’avancer. Alors je commence mes cycles de 15 minutes de sommeil. En plein milieu de ma première tranche, le pilote se bloque en bout de course. Ca lui tire trop sur la gueule. Le bateau est mal réglé car le vent a forcit. Je n’y comprends rien ! Il y avait pétole il n’y a pas 20 minutes et voilà que ça recommence à souffler fort maintenant. Je n’ai même pas le temps de me re-équiper, bottes, harnais cirés etc. que le bateau est déjà plat-bord dans l’eau. Je réduis le triangle avant en l’enroulant un maximum et prends 1 ris dans la GV.

Raté ! Ca forcit encore de façon inquiétante même. Je prends un 2eme ris. Je n’ai même pas le temps de ranger les bosses de ris que le bateau se couche de nouveau sous l’action d’une rafale. Ca souffle maintenant en coup de vent force 8. Le secteur est ouest nord ouest, super visibilité, des étoiles plein le ciel et du vent plein la tête, mais au moins, je peux gérer. Alors je sors le grand jeu : Le fameux étai largable, le tourmentin, les écoutes, la drisse etc. Je me retrouve dans le noir car la Lune s’est déjà couchée, avec l’étai largable qui fouette à tout va dans une main, presque sous l’eau par moment à l’étrave. Je sens Winnibelle monter à l’assaut des vagues courtes, puis il plonge dans les creux qui les suivent en submergeant par instant l’endroit ou je tente de fixer le ridoir de l’étai.
Par manque de fonds ( comme toujours !), j’ai transformé un ridoir normal en ridoir d’étai largable. Il a une drôle de tête avec des trucs soudés, l’axe est attaché ainsi que la goupille. L’ensemble est cohérent mais assez difficile à installer dans ces conditions. Il me faut présenter en rampant la fourche du ridoir sur l’anneau avant, puis insérer l’axe et enfin sécuriser l’axe avec une goupille que je dois insérer dans un tout petit trou en bout d’axe. Facile en plein jours et au port sur un plan d’eau plate, mais ici, c’est autre chose. Il fait froid mais je transpire à manœuvrer dans ces conditions. Finalement le bateau est stabilisé et équilibré. Il taille sa route régulièrement. Le pilote tient bien, tout va bien sauf moi, car j’ai besoin de dormir mais pas question de ça pour le moment. Je me tiens à l’entrée du bateau sur la descente, un pied sur le plan de travail de la cuisine et un pied sur l’unique échelon du compartiment moteur. J’observe le bateau, la mer que je devine autour de moi, le vent puissant qui incline tout ce qu’il touche en une obéissance incontestée. Pas de cargos, pas de lumière, pas d’âmes. Tout s’efface pour souligner l’intensité de ce moment là.

Vers 3 heures du matin, le vent mollit. Je me sentais comme la chèvre de Monsieur Seguin. Tenir, tenir jusqu’au petit matin. Seul comme ça face à la nature, on se lance des challenges, des défis personnels dont personnes n’est témoin. On vit son « trip » c’est tout.

 
Dimanche 3 décembre

3h30.
Il n’y a plus de vent. Tout ce que j’ai mis en place ne sert déjà plus à rien. La pétole fait maintenant place à la furie précédente. Je tente de dormir, épuisé, mais les voiles , ou le peu que j’ai établi tapent, cognent et raguent en faisant un boucan d’enfer. Impossible de fermer l’œil .Alors je décide de tout plier. Le temps de faire cela à une allure de limace des mers pour cause d’épuisement, le vent redémarre. J’envoie la GV entière et le génois légèrement réduit. Ca marche mais pour combien de temps ? Quant à la direction du vent, elle me ramène vers la côte. Si ça continue comme ça, je vais pouvoir m’arrêter quelque part et me reposer. Le jour se lève. Je crois que je viens de vivre une des nuits de navigation les plus folles de mon existence. Je ne sais pas encore qu’il en aura de bien pires !

10h15
Pétole, je démarre le Volvo. Le soleil est magnifique, la mer est plate. Les cotes se dessinent au loin. Idéal pour dormir au rythme, maintenant familier, de mes petites tranches de sommeil. Ensuite je me cuisine du riz au thon. Je passe l’après-midi à régler quelques problèmes. Resserrer les boulons de portière latérales du moteur, faire l’appoint d’huile. J’envoie aussi ma ligne de traîne avec un poulpito au bout. Je sors tout ce qui a été mouillé par des fuites durant la nuit pour tenter de sécher au soleil. La journée est superbe, j’ai renvoyé la toile. Il y a une toute petite brise qui me fait avancer très calmement. Je ne suis pas pressé. C’est même un véritable délice de goûter cette plénitude après la bataille de la nuit précédente. L’eau est si peu ridée que j’aperçois un poisson pilote. Il a élu domicile près de la quille. J’ai eu une tendre pensée pour lui cet après-midi quand j’ai actionné la pompe des chiottes ! !

19h09
J’écoute RMC pendant que j’écris. La mer est toujours plate. Winnibelle glisse doucement à la vitesse de 2, nœuds depuis une dizaine d’heures. Sa gîte est presque nulle. J’ai remonté la ligne, évidemment, sans rien au bout à part un malheureux morceau de plastic tentaculaire qui n’intéresse pas le moindre poisson. C’est supposé attirer des thons ou autres engins du même gabarit. Je ne dois pas être très doué pour ce genre d’activité car je n’est jamais rien attrapé au bout des lignes que j’ai jeté derrière mes bateaux.
Ma destination est la ville de Carboneras dont je n’ai aucune indications. On verra bien à l’approche. Il faut que je fasse attention car, d’après la carte aéronautique, il y a une petite île juste en face. Je ne sais même pas si il y a un port la dedans ! Au moins il y aura un téléphone pour donner des nouvelles à mes parents. Ils doivent s’inquiéter car cela fait trois jours et trois nuits de navigation depuis Ibiza sans donner signe de vie.

19h40
Quelle douceur cette navigation de nuit. Les étoiles d’hiver sont tellement belles. Je prends conscience des merveilleux moments que je suis en train de vivre. Après l’intensité et l’épuisement de la dernière nuit, je savoure, proche de l’extase, la route que mon petit bateau suit. On dirait que la nature m’enveloppe pour me protéger ce soir.
22h20 Et voilà, plus de vent du tout. Le Volvo reprend du service.

 
Lundi 4 décembre

2h45 Une pétole ouest nord ouest se lève. Je renvoie la toile. Je pense que je vais pouvoir savourer une émission radio, bercé par le doux mouvement du bateau sur une mer presque plate. Le temps d’écouter deux chansons de Souchon sur le thème des filles qui font des grands travaux dans nos cœurs ! ! et revoilà le vent a zéro.
Conséquence inéluctable ; je renvois le Volvo.

9h00 Arrivée à Carbonneras.
A première vue, c’est une petite ville sympathique. Une sorte de village assez bien entretenu car j’imagine qu’en été cela doit être encombré de touristes.
Il y a une sorte de complexe industriel sur la gauche avec un port de commerce. Je dis gros par rapport a la taille du village. Juste à coté de ce port il y en a un autre d’ou les pêcheurs sortent. Ils étaient tous regroupés d’ailleurs à quelques encablures de là quand je suis arrivé.
La majeur partie de cette nuit, je l’ai passée au moteur. J’ai une putain de fuite d’huile sur les portières latérales du moteur qui m’empoisonne l’existence.
Malgré le resserrage des boulons, la fuite est toujours là ! Décidément, ces trappes d’accès m’auront causé des soucis. Ma foi, tant que ça provient de cet endroit, en petite quantité, il n’y a pas péril en la demeure. Après avoir ancre, j’ai dormi environ deux heures d’un sommeil léger malgré quatre jours d’une navigation pas toujours très calme ! Finalement, je me suis levé pour commencer ma journée de terrien. Je me suis fais chauffer de l’eau dans la bouilloire pour la mélanger avec le complément d’eau froide dans ma grande casserole. Ensuite je l’ai disposée tant bien que mal sur mon chiotard, et me suis pris une bonne douche à coup de tasse de thé sur la tête ! Je me suis rasé et enfin ai enfilé des vêtements décents. Ensuite, un bon nettoyage du bateau, puis j’ai embarqué dans l’annexe que j’avais gonflée avant d’aller me coucher.
La plage est toute proche donc je n’ai pas à installer l’antiquité qui me sert de moteur et qui me donnera tant de fil a retordre par la suite, mais quelle nécessité, merci Marc.
En plus c’est une plage ! Si je débarque avec le moteur, c’est un véritable casse tête pour sécuriser l’ensemble sur un poteau indicateur situe à quelque soixante mètres de là.
Je me suis promené dans le village. J’ai passé un coup de fil à Maman, fidèle au poste.
Avec mon espagnol extrêmement rudimentaire (J’en ai honte tellement j’en connais peu d’un langage que le reste de mon arbre généalogique parle couramment), j’ai réussi a comprendre où se trouvait le point Internet du coin.
Ensuite, la fatigue accumulée depuis ces trois derniers jours s’est abattue sur moi comme le fisc. J’ai à peine trouvé l’énergie nécessaire pour traîner l’annexe jusqu’au rivage et ramer vers ma couchette. Le temps d’amarrer mon dinghy et de me déshabiller, je me suis couché à seize heure pour ne me réveiller, à part un pipi à quatre heure, qu’à huit heure le lendemain.

 
Mardi 5 décembre

Enfin reposé, je me suis préparé un petit déjeuner constitué d’une tasse de thé avec du régilait offert par ma Maman que j’aime. J’ai eu une pensée pour les amis qui sont venus me voir à Barcelone. Sans rien me dire, ils ont constitué un mini ravitaillement avec de l’eau, des friandises, chocolat et autre goodies qui ont considérablement amélioré mon ordinaire. Ils sont géniaux. Toutes ces attentions qui traduisent l’amour et l’amitié me vont droit au cœur. C’est ce que je ressens le plus de la part de mes parents. Ils expriment leur amour par des signes et non par des mots. Claude Sire m’a dit un jour qu’il n’y a pas d’amour, il n’y a que des signes d’amour. Au fil du temps qui passe, je réalise l’immense chance que nous possédons, nous les gosses, d’avoir une telle famille. Elle est magnifique, aussi bien dans son ensemble que dans ses individualités. Chacun avec ses spécificités et son caractère propre fonctionne sur une simple et même fréquence : L’amour. Sans ma famille, je ne serais rien.

11h30
Je suis assis à la terrasse froide d’un petit café : « Bar Felipe », et j’attends douze heure pour aller au centre Internet et converser un petit peu avec mes amis. Voilà, j’ai pu raconter une partie de mes aventures, entre guillemets, à ma famille. J’ai même rencontre Yamile le Parc qui vit pour le moment avec sa femme Mexicaine et ses deux petites filles à Carboneras. Il est Français et nous sommes convenus de nous rencontrer à vingt heure trente à ce même bar Felipe pour disserter des choses de la vie ! !
Entre temps, j’ai réparé la fuite du panneau de pont avant, et j’en ai aussi profité pour découper au cutter les cordons noirs de sikaflex qui bordent tous les hublots. Je suis très déçu par ce produit qui vieillit mal. Avec le temps et quelques embruns, il devient mou. Quand on le touche avec le doigt on s’en fout partout. De plus l’étanchéité commence à faire défaut sur le hublot du milieu à tribord. Cette fuite là je ne l’ai pas traitée car je veux d’abord savoir d’ou elle provient. Pour le moment elle est suffisamment faible pour ne représenter qu’une légère nuisance.

20h30
Je me rend à terre afin d’honorer mon rendez vous avec Yamile. Il est bien là comme convenu. Il me raconte un peu sa vie, sa rencontre avec sa femme mexicaine, une femme de caractère qui semble même mener la barque à son gré. Lui, il chante de la musique traditionnelle Espagnole. Il vient d’imprimer son premier C.D. à 35 ans.
C’est un mec sympa, délicat, sensible, un tantinet efféminé ! ! (pourtant on est loin d’Ibiza !). Il m’avait invité à venir manger chez lui et ce sur un coup de cœur je présume car il est obligé de se rétracter maintenant prétextant maladroitement une quelconque indisposition liée à la condition de sa souffrante femme. J’imagine que sa mexicaine, à l’air plus que décidée, du moins sur la photographie qu’il m’en a montre, lui a fait la morale sur le fait d’introduire ,dès la première rencontre, un étranger poilu seul sur un voilier.
Probablement un pirate sanguinaire en mal de petites filles fraîches ! Bref !

A 20h30,
il n’a plus d’invitation, alors je la lui renvoie et lui propose de venir à bord de mon bateau. Il n’attendait que cela vu son enthousiasme soudain et quelque peu inquiétant ! Aurait-il des désirs secrets quant à ma personne. Arrivés à l’annexe, il fait déjà une drôle de tête quand je lui demande d’enlever ses chaussures et ses chaussettes avant de monter dans cette drôle d’embarcation. L’eau est froide en cette saison et je le sens un peu tendre mon petit baryton. Une fois à bord, nous discutons de choses et d’autres puis, une heure plus tard Winnibelle est entré dans un petit roulis rythmique tout à fait de circonstance alors qu’il vient de se positionner en travers de la légère houle locale. Du coup, je n’entends plus beaucoup les opinions du Sieur Yamile à part pour me signifier d’une voix peu décidée qu’il ne se sent pas très bien.
Et hop ! Débarqué ! ( Pour info, Lyon vient de battre en ligue des champions le Spartak de Moscou 3-0).








































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