Les îles Vierges


9 avril 2001.

Départ de Saint-Martin 20 h 15. Direction Virgin Gorda. Toute petite brise, pas de mer. Je suis encore sous l'influence de Saint-Martin. J'ai 78,7 miles à parcourir jusqu'à la pointe Sud-ouest de Virgin Gorda. Cela me fait une drôle de sensation de me retrouver à nouveau sur le départ.
Cette escale à Saint-Martin m'a permis de bien me reposer. Il est maintenant temps de bouger. La nuit s'est déroulée tranquillement. Le rythme des 22 minutes de sommeil s'est installé naturellement et j'ai pu dormir même durant une première nuit. J'avais la grand voile et le génois par vent de travers force 3. Voilà des alizés cools comme j'espérais en rencontrer durant ma traversée de l'Atlantique. Quelle tranquillité de naviguer dans ces conditions !
Le petit chaton s'adapte à merveille. Pour lui, le roulis est une source de jeu. Cela fait remuer tout un tas de bric à brac après quoi il court et contre quoi il se bat avec toute la combativité d'un futur prédateur. La mer semble prêter vie à tout ce qui court sur elle. Le chat est allongé sur le plancher de tout son long. Il joue avec une tâche de soleil mouvante. Arrivé tout prêt d'un passage entre Virgin Gorda et un îlot (Fort Jérusalem) je tente de passer entre les deux mais, d'inquiétants brisants me dissuadent d'aller plus loin.
Alors je fais le tour pour revenir vers Les Bains (the baths) il y a des dizaines de voiliers. Alors je mouille par 20 m de fond, me fais une tambouille, une bonne sieste, et vers 16 h 30, il y a déjà beaucoup moins de monde. J'effectue 3 apnées dont une jusqu'au fond où je ramasse un bout de gaffe que je rejette ensuite. Je rapproche le bateau vers des fonds plus hauts et mouille dans 7 à 8 m d'eau. Je gonfle l'annexe et rame jusqu'à une petite plage magnifique. J'assiste au brillant spectacle du coucher de soleil, seul sur cette plage moi et des milliers de yenyen (moustiques voraces). De retour à bord, je prends une douche, m'occupe du chat et puis ready for tomorrow.

 
Mercredi 11 avril 2001.

9 h 25. Départ des Bains. Une superbe petite navigation m'attend. Les voiliers sont nombreux à naviguer dans ce coin. J'arrive à Coral Bay vers 12 h 45 où je jette l'ancre en face de la maison de Paul.
Vers 16 h 30 je passe un coup de fil à mon ami d'il y à 11 ans, et je tombe sur lui. Il est à la maison à régler des affaires de papiers. Les retrouvailles sont chaleureuses. J'éprouve un étrange sentiment de revoir ces gens qui se tiennent là en face de moi avec plein de cheveux blancs et de rides. Les années passent et elles marquent nos visages d'un sceau indélébile. Demain j'irai à Cruise Bay pour effectuer ma clearance. J'espère que je ne vais pas me faire arnaquer !!

 
Jeudi 12 avril 2001.

Paul m'a emmené à Cruise Bay via the North par toutes ces criques sympas qui m'ont tant fait rêver par leurs côtés paradisiaques.
Arrivé à Cruise Bay je passe à l'immigration et là surprise, tout est fait en 5 minutes, il n'y a rien à payer et en prime je peux mouiller dans le park sans problème et sans payer non plus. Super ! Enfin des gens bien.
Je me ballade dans la ville et ne rencontre que le docteur Mac Mulon et son épouse Linda qui sont toujours là, fidèles au poste. Je revoie aussi le fils d'Andrew Pen qui sortait avec Déborah une institutrice noire magnifique. J'ai toujours eu un faible pour le calme et la sérénité de cette femme. Paul me rattrape sur la route et me remmène au bateau où je passe mon temps à jouer avec le chat et avec …

 
Vendredi 13 avril 2001.

Je passe la matinée chez Paul à discuter puis à écrire des emails. J'ai aussi parlé à mes parents mais la communication était extrêmement mauvaise eh oui les Iles n'excellent pas par leur niveau de technologie en ces domaines pointus.
Après l'entrevue avec eux, je m'éclipse vers 14 h et en remontant dans l'annexe, je rencontre une femme très sensuelle, mignonne, originaire de Porto Rico son nom : Marie. Elle gère Crabby's, une location d'annexes à moteur pour les touristes peu désireux de louer des grosses unités pour se balader dans les criques avoisinantes. Peut-être la reverrai-je qui sait.

 
Samedi 14 avril 2001.

Une belle journée. J'ai pris le bateau et je suis allé ancrer dans une crique près de East End. Je me suis préparé un taboulé au thon mais comme d'hab j'en ai fait une tonne. Je n'ai vraiment pas les bonnes quantités dans l'œil avec la semoule. J'ai fait quelques apnées à 20 m environ. Quel sentiment de liberté. Je remontais tout doucement, mon corps en apesanteur parmi des millions de micro-organismes de planctons. Je me suis régalé.
Ensuite retour à la voile et atterrissage à la voile sans même le moteur démarré ! Je commence à prendre de l'aisance pour ce genre de manœuvres. Des canadiens m'offrent un coup à boire sur leur bateau (mes voisins). C'est une vieille goélette de 1937 entièrement restaurée par ses propriétaires. Je me sens bien avec eux et cette légère euphorie qui m'envahie avec l'alcool (rhum cramwberries). Paul et Suzanne viennent me chercher sur le rivage.
Nous passons une délicieuse soirée grâce à l'amitié, et une très bonne bouteille de vin (Côtes du Castillon 1990 offerts par Geneviève). Et je réalise un de mes phantasmes. J'en avais parlé sur l'autre journal de bord. Au cœur de ma solitude, j'avais ressenti le besoin intense de partager un moment d'amitié dans un fauteuil confortable, sur une terrasse de maison un soir calme sur une île des Caraïbes. Hier je vivais ce moment-là exactement comme je l'avais rêvé.
De retour au bateau j'ai fait une ballade à pied jusqu'à Skinny Legs (anciennement Red Bills) et ai finalement regagné mon bord. J'ai pris le chat avec moi dans la couchette juste pour un petit moment, mais je me suis endormi. Résultat une petite merde sur le drap juste au niveau de ma tête ! C'est de ma faute. Il ne peut pas sauter de la couchette alors j'ai frotté le lendemain.

 
Dimanche 15 avril 2001.

J'ai mal à la tête ce matin à cause de l'alcool de la veille (pas à cause du petit tas de merde que le minou m'a laissé). Alors j'ai lavé le tout j'en profite pour aérer le triangle avant. J'écoute le Grand Bleu. J'écris sur ce journal avec le chat allongé de tout son long sur la lettre que je dois envoyer à mes parents. Il dort comme un loir. Il fait chaud et je m'apprête à manger de mon taboulé sauf s'il est trop macéré dans sa propre pourriture ! Quelques fois j'attends un peu trop longtemps !

 
Semaine du 16 au 23 avril 2001.

Paul et Suzanne organisent à Windward leur plus grande maison, une partie, où se trouvait Jacky et Deborah (Johanna le bateau de 50 pieds en bois), un couple de docteurs dont les histoires nous ont beaucoup amusés, une vieille dame peu intéressante, un autre type transparent, Roger et sa femme. Roger est un mec intéressant. Il vient de Trinidad et possède une belle énergie. De plus il est papa depuis 16 jours ! Ensuite il y avait aussi un couple. Lui est anesthésiste, elle est secrétaire médicale. Eux aussi sont à mourir d'ennui par leur manque de sincérité. Puis il y avait Jackie, la petite sœur de Suzanne 35 ans, 2 enfants et un boyfriend qui, on le verra plus loin, ne manque pas de personnalité.
Jackie me surprend par le fait qu'elle est tout simplement pas mal du tout cette nana. Nous nous rapprochons un peu cette soirée. Mais il y a beaucoup de choses qui nous séparent. L'exposé de sa situation sentimentale me donne à penser que tout est possible.
Elle se trouve en quelque sorte coincée entre un mec qu'elle n'aime pas et des enfants dont elle ne veut pas l'en séparer, ce qui est louable.
Pendant la soirée je sympathise avec Jacky et Deborah et le lendemain je suis invité à l'une de leurs sorties charters avec des clients sur leur bateau en bois de 50 pieds. Je suis heureux de sortir avec lui car j'observe avec attention sa façon de manipuler à la voile seule les 25 tonnes de son ketch en bois. La journée se passe bien. Il y a là un médecin en herbe avec sa femme très mignonne et enceinte jusqu'aux amygdales. Elle me plait bien mais bon… Son mari est tellement insipide blanc et gras. On dirait un ver de terre tout mou qu'on vient de sortir de son trou. J'ai essayé de le faire descendre à 2 m de fond pour observer une belle langouste. Il n'a pas pu atteindre le mètre 50 de profondeur ce blaireau.
Les autres clients, c'était une dame âgée avec sa fille et sa petite-fille. La fille fait partie de ses grosses américaines qu'on extirpe de temps à autres du trou dans lequel elles se répandent pour aller prendre l'air. Elle nous a fait une démonstration de saut à partir du beaupré qui m'a crispé tellement j'ai eu peur qu'elle se désarticule.
Pour elle, pas possible de monter sur le balcon et de sauter encore moins plonger. Alors elle s'est glissée telle une boule gélatineuse entre les barreaux du balcon avant.
Elle s'est ensuite aperçue, qu'emportée par sa masse, elle ne pourrait pas contrôler la chute devenue inéluctable au point où elle s'était déjà lamentablement vautrée.
Elle a quand même tenté de se retenir suspendue à un bras, enfin une main potelée qu'on devinait à peine au bout de cette masse informe qui lui sert de bras.
Evidemment l'autre bras lui avait déjà pris, gravité oblige, le chemin de la flotte. Tout ce que cette ultime tentative réussi à faire, c'est d'imprimer un début de rotation au bulbe gluant qui atterrit, pattes ou boudins comme on veut, écarté sur la chaîne d'ancre juste en dessous. Aie ça fait mal ce genre d'amerrissage.
Alors elle nous a gratifié d'un semi sourire à mi-chemin entre le rictus de douleur et le timide sourire d'un poulpe géant qui tente d'assumer et de vivre pleinement sa condition irréversible de grosse daube asexuée.
La petite, qui prend aussi le chemin de sa mère sur la pente du volume, nous a montré qu'on pourrait être un peu moins ridicule que son outre de mère. Et on était tous là à l'encourager pour qu'en un effort digne de Goliath, elle nous soulève son radis. Elle nous l'a fait son gros splash et tout le monde était fier d'elle.
Ma foi il y a des coups de pieds au cul qui se perdent.

Retour au mouillage à la voile. Jacky connaît bien son bateau. Le lendemain nous décidons de faire route ensemble. Je prends Winnibelle et effectue, encouragé par Jacky, toutes mes manœuvres à la voile, comme lui (Jacky n'est pas la même personne que la sœur de Suzanne, Jacky est le skipper de Johanna le 50 pieds en bois). Nous allons à Road Town pour leur clearence au British Virgin Islands et ensuite nous allons à l'Ile de Norman Island. Nous remontons au prés parmi des dizaines de bateaux au mouillage. A l'arrivée j'ai un peu trop d'air et manque de m'enquiller le ponton des annexes. Heureusement il y a du fond et j'ai jeté l'ancre en vitesse pour me stopper. Ca marche !
Quel plaisir de ne se servir que de la voile. Je me régale.
Au retour, j'ai tout préparé et dès la sortie de la baie avec Johanna devant moi, j'envoie mon spi. Grandiose, je les distance en douceur et effectue la route vers Coral Bay avec un 15 nœuds ¾ arrière. La descente du spi me ramène les pieds sur terre car j'en fous la moitié à l'eau et, au mouillage, je lui perce 4 trous à cause d'une riche idée. J'ai voulu le sécher en le hissant par la drisse de grand voile. Malheureusement une rafale de vent m'envoie tout le merdier s'empaler sur l'éolienne (dont j'avais tout de même stoppé la rotation avant) et voilà le travail !! Jacky me propose de réparer tout ça sur une grosse machine à coudre qu'il possède. Le reste de la semaine se passe sans histoires.
Paul et Suzanne m'invitent à partager une soirée dans leur troisième maison, un cottage absolument adorable sur un point de vue féerique. Cette petite maison toute simple surplombe toutes les britishs Virgin Islands et la baie de Coral Bay. Nous buvons un peu et c'est superbe. Ce soir là, je décide d'accepter l'offre de Paul. Je commencerai à bosser sur l'un de ses trois projets à partir du lundi suivant.

 
Lundi 23 avril 2001.

Je reprends le boulot après 5 mois d'arrêt. Me revoilà parmi les plâtriers, les charpentiers, les peintres et les couvreurs. Mon job consiste évidemment à effectuer des petites tâches ingrates et sans intérêt. Mais ça je le savais. Pour 15 dollars de l'heure, je peux faire un effort. Mais les journées sont longues de 7 h 30 à 15 h 30, je regarde mille fois ma montre. Dieu que c'est long quand on fait ce genre de boulot pour les autres.
Un soir je suis invité chez Jacky et Deborah. Leur maison est une rescapée de l'ouragan Marilyne, elle s'est déplacée de 1 m 80 sur ses appuis mais n'est pas tombée.
Jacky est sur le point de redresser l'ensemble au prix de beaucoup de temps, d'efforts et d'ingéniosité. La sœur de Suzanne (Jackie aussi) est là aussi et je remarque encore une fois qu'elle est décidément pas mal du tout cette petite.
Au retour Paul et Suzanne sont dans leur voiture. A l'aller Paul et moi avions fait le voyage ensemble et Suzanne et Jackie nous avaient rejoints. Je me retrouve donc avec Jackie à discuter de sa situation dans sa voiture. Elle me ramène au rivage en face du bateau, là où se trouve mon annexe. Alors que nous arrivons au lieu dit, Jackie se crispe et me demande de ne pas l'embrasser (sur les joues à la française) car son ami, le père de ses 2 enfants se trouve derrière nous.
Je sors de la voiture et me dirige vers mon annexe. Son ami s'avance en voiture à ma hauteur et m'interpelle en me demandant directement si je sors avec sa femme, qui n'est pas sa femme d'ailleurs, ou si j'en ai l'intention. Je lui explique que non mais il doute et je sais qu'il ne me croit pas. Le fait qui me surprend le plus tout de même c'est que ce gars là, un west-indian musicien qui travaille principalement la nuit, surveille sa femme et de très près. Je comprends mieux pourquoi elle se sent prisonnière. Il ne la lâche pas d'une semelle. Un autre soir cette semaine là, Paul et Suzanne nous invitent tous les deux, Jackie et moi, à une dernière soirée car ils s'en vont le 26 pour prendre des vacances dans le Michigan aux Etats-Unis.
Cet après-midi, juste après le boulot, Paul m'emmène sur son terrain à East-End. Il avait insisté pour me faire découvrir cet endroit. Moi je n'y voyais qu'un intérêt relatif, une plage de plus, car quelques arbustes rabougris et desséchés par l'action incessante des alizés. Mais quand nous nous sommes retrouvés tous les deux sur ce petit coin de paradis encore vierge, j'ai été totalement envoûté par l'énergie du lieu.
En descendant un petit chemin tortueux glissant et surtout plein de cactus, Paul me prévient de ne pas me ramasser dans le coin car ça craint. 1 minute plus tard je m'étale sur le cul avec pour désagréables conséquences des épines de saloperies de cactus sur la cheville et dans le cul.
Alors pour une découverte s'en fut une car je ne connaissais pas cette variété de végétaux pour le moins agressifs. Les épines s'enfoncent sous la peau et semblent déployer des barbillons en sens inverse et donc faisant opposition à tout retrait éventuel du merdier. Ca fait fichtrement mal cette merde. Alors me voilà le cul à l'air tournant le dos à Paul qui s'est évertué à me les enlever une par une. C'est ça l'amitié. Ensuite nous nous sommes baignés nus !! A partir d'une petite plage privée. Un régal.

De retour chez eux, je découvre Jackie (donc la sœur de Suzanne), qui est là avec ses deux enfants. Nous devons passer une dernière soirée autour de quelques bonnes bouteilles de vin. La soirée se passe bien, les enfants dorment et nous nous sentons tous un peu légers grâce au vin. (Le chat est en train de me bouffer mes cartes !! c'est con un chat ça mord dans tout et n'importe quoi !). Vient le temps de se séparer. Jackie me descend en voiture à mon annexe.
J'ai à peine le temps de mettre les pieds dans l'eau que l'autre macaque me tombe dessus encore une fois. Embusqué derrière je ne sais quel buisson, ce con surgit de l'ombre pour signifier le flagrant délit. Une fois de plus je discute avec ce primate imprégné de son ego jaloux. Je le sens fulminé intérieurement. Il me jauge, me teste. Il veut découvrir le moindre indice. Il me toise du haut de ses 1 m 85. Mais comme je n'ai rien à me reprocher, je suis très à l'aise et renvoie son regard d'inquisiteur sans la moindre hésitation. Décidément, quelle vie pour cette femme, observée et surveillée en permanence par ce type ou les membres de sa famille qui vivent à Coral Bay.

Le reste de la semaine se passe bien pour moi. Je travaille puis j'essaie de sortir le soir pour tomber sur une nana consentante, mais il n'y en a pas. Et quand je sens qu'une nénette pourrait considérer s'abandonner dans l'antre accueillant de mes bras !! Elle est prise.
Un soir, c'est le cas d'une femme qui me bouffe du regard. Son mari est à côté d'elle et dès qu'il s'en va pisser un coup aux toilettes, elle me propose une danse sur une chanson qu'une artiste locale, Linda, est en train d'interpréter. A la fin de la danse elle m'embrasse rapidement sur la bouche. Evidemment son mari revenant des chiottes a aperçu la scène et lui en fait une discrètement au comptoir du bar Peppe's. Voilà une illustration du type d'ambiance qui règne à Coral Bay. Il doit y avoir une femme pour dix mecs !!
Je tourne autour d'une jolie femme mûre, Marie. C'est une portoricaine élevée aux USA, typiquement américaine dans sa façon de se comporter. Et comme le ratio homme/femme est nettement en sa faveur, elle ne donne aucun signe fort pour favoriser un rapprochement. Ou plutôt, je sens qu'il me faudrait effectuer tous les pas vers elle. Et ça je m'y refuse. Donc on se dit bonjour tous les jours car elle dirige Crabby's (what a sport facicities) et c'est juste en face du bateau.
Sur l'île de Norman Island, il y a un endroit réputé pour son côté débridé. Il s'agit d'un bateau transformé en bar et restaurant. D'après l'entourage, il s'y passe quelquefois des choses que mon entrejambe serait tout à fait ravi de découvrir. Donc vendredi après-midi, tout de suite après le boulot, je lève l'ancre et me rends dans cette baie à la voile. Je mouille juste à côté du gros rafiot sous quelques applaudissements.
Mais la soirée se passe sans le moindre contact féminin. Là encore je compte 2 ou 3 nanas pour une ribambelle de mecs. L'ambiance est très calme et je vais me coucher vers 22 h. Le lendemain, la présence d'un bateau de Park Rangers m'encourage à lever l'ancre pour retourner vers les US Virgins Islands. Je n'avais pas effectué mes sortie et entrée pour une seule soirée. Au lieur de rentrer directement sur Coral Bay, j'entre à Hurricane Hole et reprend contact avec Eliott Hoppers, le propriétaire de Silver Cloud.
Eh oui il est encore là et a en fait beaucoup investi dans son bateau. Je fais des apnées et ce jour là c'est le 28 avril. J'ai oublié l'anniversaire de Marc et de Thérèse par la même occasion qui est née le même jour. En punition, me semble-t-il, je perds mes superbes palmes. Un coup de vent me les emporte alors que je les avais oublié sur la petite plate-forme à l'arrière du bateau. Je me serais bouffé les testicules ! Impossible de les retrouver.
Quel début de week-end, un vrai fiasco à part le superbe moment de voile effectué seul pour l'aller et le retour à Coral Bay. J'ai tellement les boules que je décide de ne pas sortir ce soir là. Mais je me reprends et finalement vêtu de mon short-jean coupé et d'un tee-shirt, je décide d'aller à Cruise Bay. Juste après Peppe's, une voiture est en train d'effectuer une manœuvre pour entrer dans le parking de son chez soi, c'est Linda la chanteuse de Peppe's.
Nous discutons 10 minutes et elle m'invite à boire quelque chose chez elle. Alors s'opère un léger rapprochement tout à fait inattendu et pour le moins inespéré. Nous allons tous les deux chez Skinny legs car un groupe de chanteurs et musiciens s'y produit. Elle doit chanter une ou deux chansons en tant qu'invitée.
Durant la soirée, elle effectue un voyage à sa voiture. Au retour elle est toute parfumée. Un signe fort ! La soirée est très sympa car le groupe est bon. Linda quant à elle, n'a pas des quantités de choses à dire. Elle m'écoute car moi je parle, toujours les mêmes messages martelés de douceur car elle aussi fait partie de cette race de bonnes femmes qui élèvent seules leurs enfants. Elle m'écoute et je sais que ça rentre.
De retour chez elle, je suis invité à passer un moment à l'intérieur. Son fils de 9 ans est avec le père pour le week-end. Je lui fais l'amour. Une séance sans grandes qualités.
Elle embrasse mal et demeure très passive. Cela fait tellement longtemps pour elle, que cette soirée fait presque figure de première fois. Moi je suis ravi car depuis Thérèse, je n'avais pas touché une femme. Le lendemain matin on remet ça sur le même mode, mais c'est mieux. Je l'invite à venir manger au bateau où je nous cuisine du riz à la tomate et aux oignons. Mais, une fois n'est pas coutume, il est raté !! Je l'ai brûlé. Ma foi, on mange quand même ce n'est pas trop dégueu.

Vers 16 h, de retour sur terre, elle doit aller chercher son fils à Cruise Bay. Moi je vais acheter du peanuts butter et au retour, je croise Jackie et ses deux enfants. Ils sont invités à l'anniversaire d'une petite fille. Décidément nous n'arrêtons pas de nous rencontrer. Mais toujours très cool, je lui dit au revoir non sans lui avoir raconté ma soirée (succinctement) avec Linda. J'ai définitivement admis l'idée de ne demeurer que bons amis. Il n'y aura pas de sexe entre nous et ce n'est pas plus mal vu le contexte. Je reprends le boulot pour 2 jours supplémentaires. Bientôt je lève l'ancre pour Sainte-Croix, pour retrouver ma sœur et son mari. Cette pensée m'enthousiasme et me remplit de joie. Plus que 2 jours et j'y vais.

Lundi et mardi se passe. Lundi je recouds ma capote grâce à la machine de Jacky et Deborah (propriétaires du 50 pieds en bois).
Mardi soir, c'est ma dernière soirée à Coral Bay. Je rentre chez Paul pour envoyer une dernière fois des emails. Au moment où je m'apprête à repartir, je vois Jackie (la sœur de Suzanne) qui s'avance vers l'entrée. En effet j'étais seul dans cette maison car Paul et Suzanne étaient partis dans le Michigan en vacances. J'en tombe sur le cul.
Elle rentre et nous nous retrouvons pour la première fois complètement seuls. Moi toujours très cool, je lui parle de mon départ prévu pour le lendemain matin de bonne heure et je conclu en lui disant au revoir. Mais, son regard en dit long. Elle veut autre chose. Mon kiss goodbye est totalement insuffisant. Alors je l'embrasse doucement, longuement et très langoureusement. Là, elle est excitée. J'adore ça car, surveillée depuis des années, je suis le premier extra depuis au moins 10 ans. Elle vibre de plaisir et d'envie. Elle veut absolument faire l'amour avec moi ce soir. Nous convenons d'un plan. Elle se présentera en voiture en face du bateau, un petit coup de klaxon et j'irai la chercher en annexe à l'autre bout de la baie du côté de Skinny Legs. Tout ça bien sûr, si elle trouve un moyen de faire garder ses enfants.

Vers 10 h, alors que je m'apprête à me coucher car elle m'avait annoncé 21 h, j'entends le coup de klaxon. Excitation, affairement, branle bas de combat. Une fois de plus je plonge en zone interdite. Elle est superbe, fraîche, légèrement parfumée, pleine de désir. Elle vient pour faire l'amour elle ne le cache pas, j'aime ça.
Après un tour rapide des lieux et une caresse ou deux au minou, je m'occupe du sien !! Elle est douce et pas du tout coincée comme je le craignais. Ca dure suffisamment longtemps pour que nous nous effondrions enfin tous les deux dans la sueur et l'harmonie de l'après orgasme. Mais nous n'avons même pas le temps d'apprécier notre plaisir que j'entends le bruit caractéristique d'un moteur d'annexe. Seulement là, il est un peu trop proche.
Jackie me dit soudain que Wayne, son ami, possède une annexe à moteur. Putain ! Je suis dans la merde ! J'ai à peine le temps de m'enlever le préservatif que je jette dans l'évier et d'enfiler un short, que je me retrouve nez à nez avec un grand noir en colère. Jackie s'est réfugiée dans la cabine avant où je lui intime l'ordre de n'en pas sortir. C'est du délire. Le mec fulmine de rage et me domine de toute sa taille. Mon cerveau fonctionne à 100 à l'heure.
Je dois absolument calmer le primate avant qu'il n'explose et me foutte vraiment dans la merde. Je ne suis pas sûr de pouvoir le maîtriser physiquement. Il gueule comme un putois, exhorte Jackie de rentrer avec lui via son annexe. Evidemment, elle se tait cachée à l'avant. Je lui explique que, vu son état d'extrême colère, personne ne repartira avec lui dans son bateau. Il me bouscule et tente de rentrer de force dans la cabine. Là je monte d'un ton et commence à serrer des dents. Je m'oppose de force à son passage, lui demande de se calmer et de repartir. Cette fois-ci il explose et me balance ses poings comme un enragé. Je reçois 2 ou 3 bons coups du côté gauche de la tête. Ca résonne un peu de façon métallique. Je suis extrêmement lucide. Il faut absolument que je puisse le maîtriser sinon je risque de me faire méchamment bastonner.
Je ne vois même pas d'où viennent les coups car il fait nuit et sa couleur de peau l'avantage considérablement. Je suis sur le cul les bras en l'air pour parer ses coups. Puis je me détends comme un ressort. L'énergie est décuplée. Je m'entraîne depuis des mois, ma masse musculaire est revenue à un niveau qui me permet de remonter vers le chimpanzé. Je le bloque en le ceinturant des deux bras, les mains prises sur le bastingage arrière. Là il est cuit. Je serre tellement fort que je lui casse une côte (je le saurai 2 ou 3 jours plus tard). Je ne le frappe pas, je continue de lui parler calmement ma bouche est à 2 cm de son oreille droite.
Comme il réalise soudain qu'il a mal et qu'il ne pourra pas me casser la gueule, il se dégonfle comme une baudruche et repart seul sur son annexe. Je reçois quelques insultes sur le fait que nous les blancs, nous pillons tout sur notre passage (là il a un peu raison). Il est résigné.
J'attends une heure pour être sûr de ne pas le voir se rappliquer, mais apparemment il en a assez. Vers 3 h du matin, je déplace le bateau le plus près possible du quai des annexes à Skinny Legs pour éviter d'avoir une trop grande distance entre moi et le bateau lorsque je raccompagnerai Jackie. Ceci fait, je la raccompagne en annexe.
Elle est désolée et éprouve une certaine crainte à l'idée de se retrouver face au fou furieux.
Mais là, je n'y peux pas grand chose. Je la raccompagne à sa voiture. Wayne n'est pas là tant mieux ! Quelle soirée !!!

 
Mercredi 2 mai 2001.

Je lève le mouillage vers 7 h du matin. Très peu dormi à cause des évènements de la soirée. Mais je suis soulagé de décoller de cet endroit.
Le vent est Sud-est et m'oblige à remonter sur Norman Island pour tirer un grand bord de près vers Sainte-Croix. Je suis sous grand voile à 1 ris et du génois partiellement enroulé. Le bateau est très bien équilibré et marche sous pilote. Je tente de rattraper un peu de sommeil, mais je suis encore remplit de l'énergie de la veille. Je ne peux fermer l'œil. J'arrive vers 17 h 30, 3 miles trop à l'est, alors encore un bord vers Christiannested, puis un autre pour rentrer dans le chenal. Heureusement que j'arrive de jour car le coin est difficile et bourré de récifs.

 
Jeudi 3 mai 2001.

Je monte l'annexe et me rends en ville pour rejoindre Graziella. Mais je m'aperçois qu'ils n'arriveront que le lendemain. Je me suis planté d'un jour.
Cela me conforte dans ma conviction qu'il n'y a pas de coïncidences. Rien n'est le fruit du hasard. Je devais rencontrer Jackie ce soir là et je devais jeter un gros pavé dans sa petite mare. Je décide de me payer un lunch. Je commande un chicken salade au Paradise. Les feuilles de laitue doivent faire 3 mm d'épaisseur, tandis que leur couleur approche le vert très sombre. Ca n'a pas de goût et ça coûte 8,5 dollars. Je mange parce que je suis bien élevé et que j'ai faim mais avant de partir, je me suis permis de leur dire que c'était certainement la salade la plus dégueulasse que j'avais mangé dans ma vie.
Au retour je fais la connaissance d'un ancien pilote de ligne (Dayle) il navigue depuis quelques années sur un 32 pieds Colin Archer. 10,5 tonnes le monstre. Je sens qu'il aimerait bien que je lui donne un coup de main pour nettoyer sa coque sous l'eau. Je donne un coup de fil à Thérèse pour lui demander de se procurer un visa pour pouvoir rentrer par bateau sur les territoires américains. La communication dure 6 minutes à 1,70 dollars la première minute et 1,50 dollars les 5 autres soit près de 11 dollars. C'est du délire (80 FF).

 
Vendredi 4 mai 2001.

Je me prépare à retrouver Graziella et Matt. Mon cœur est léger car je les aime tous les deux.
Avant les retrouvailles, je passe 2 h sous l'eau à gratter entièrement la coque du pilote retraité. Elle en avait un sérieux besoin. Pour me récompenser il me paie mon lunch au bar-restaurant de la marina. Pendant que nous discutons après le repas, Matt arrive avec une jeep de location. Sa blancheur de peau me surprend. Quel plaisir de le retrouver.
Nous partons vers l'hôtel Boucanier où se trouvent Graziella et Paul. Là aussi je retrouve Graziella avec énormément de plaisir.
Elle a changé. Son corps ne comporte aucune quantité résiduelle de graisse. Elle semble taillée au couteau. Elle est en super forme pour le Half Iron Man qu'elle devra courir dans 2 jours. Je découvre Paul, un ami de longue date. C'est un spécialiste de ce genre d'épreuve, un triathlète accompli comme on dit. Je ne réalise pas bien ce que représente cette course. Comme à l'approche de tout ce qui est nouveau, je ne m'en fais qu'une image assez floue où se côtoient des centaines de coureurs en pagaille rangés. Je n'ai pour expérience que les semi marathons et autres courses que j'ai eu le plaisir de courir à Paris.
Le soir même, Matt nous invite tous au restaurant. Je renoue avec la bonne nourriture, le bon vin (un super Merlot méditerranéen !), les ambiances feutrées réservées à l'élite friquée de la planète. Moi qui descend de mon dinghy à peine gonflé !! Mais j'apprécie ce moment avec ma sœur et son mari.

 
Samedi 5 mai 2001.

Matt me rejoint au bateau à la nage. Graziella et Paul nous rejoindront un peu plus tard. Pendant que Matt règle quelques problèmes au téléphone, je prépare des pâtes pour Matt et moi. Graziella et Paul arrivent à la nage. Graziella nage désormais très bien. Elle s'est transformée en une athlète de haut niveau.
Son corps me stupéfie. Moi qui l'avais toujours connue un peu rondelette !! Je découvre une femme taillée pour la compétition. On devine les heures d'entraînements qu'elle a du infliger à son corps pour en arriver là. Heureusement j'ai fait suffisamment de pâtes pour tout le monde. Graziella me casse un peu les pieds, car elle ne veut pas manger de pâtes. Je crois qu'elle s'attendait à quelque chose de dégueulasse. Mais ils finissent par les apprécier. Normal !! Elles sont délicieuses ces pâtes.
Nous poursuivons le reste de la journée par la reconnaissance d'une côte particulièrement difficile à grimper en vélo nous nous arrêtons même pour bien examiner l'ampleur de la difficulté. Je commence à peine à prendre conscience de ce qui attend ma pauvre petite sœur. C'est très pentu ce coin !!
Puis de retour à l'hôtel, nous reprenons un repas au restaurant, délicieux. Avant ça Paul m'a prêté des baskets pour jouer ensemble au basket-ball. Je les gratifie de ma complète incompétence dans le lancer de ce gros ballon dans un panier ! Mais on s'amuse sans trop forcer. Paul se réserve pour le lendemain.

 
Dimanche 6 mai 2001.

Le jour du triathlon est arrivé. Matt me récupère à 5 h 30 du matin puis nous rejoignons côté spectateurs la zone du départ pour tous les concurrents. Il s'effectuera par vagues. D'abord les pros, puis les plus jeunes, etc. Je découvre le parcours de natation. 2 Km dans l'eau de mer avec 800 autres personnes, c'est long !
Nous attendons l'arrivée de Graziella. J'ai mon appareil jetable pour immortalisé ce moment rare dans la vie d'un être humain. Là voilà enfin.
Elle nage très bien, régulièrement malgré les 2 Km qu'elle vient de parcourir. J'aurai à sa place des bras comme des montgolfières si j'avais du effectuer un tel effort.
Puis ce n'est pas fini. Maintenant elle doit rejoindre sa zone de transition où se trouve son vélo, un véritable avion soit dit en passant, se rincer, se changer et s'alimenter rapidement. J'assiste à une marée humaine qui émerge de l'eau pour foncer quelques minutes plus tard sur la route à vélo.
Graziella et Paul sont déjà en selle alors que Matt et moi les mitraillons de photos. Je réalise soudain qu'après ces 2 Km de natation elle doit maintenant rouler à vélo sur une distance de 90 Km ! Le circuit est plein de côtes et de descentes dangereuses. Je commence à m'inquiéter car en plus du semi Iron Man, il y a un autre petit triathlon (Sprint) qui se court en même temps. Les participants de cette petite épreuve, (en comparaison avec le grand circuit) n'ont pas du tout la même condition physique.
Bientôt les participants du Sprint déboulent, certains complètement épuisés et donc ne maîtrisant pas bien leur trajectoire, tandis que les concurrents de l'Iron Man sont à fond à vélo sur la même route. L'inévitable se produit devant nos yeux. Matt et moi assistons en direct à une collision entre un cycliste lancé à pleine vitesse et un coureur du Sprint.
C'est spectaculaire et la jeune femme reste étendue par terre sans bouger (la jeune femme était sur le vélo) J'espère que sa vie ou sa santé ne sont pas en danger (je l'apprendrais plus tard elle s'en est bien tirée). L'ambulance l'emmène. Ca déboule dans tous les sens. Les pros sont déjà de retour vers la deuxième phase du circuit tandis que les concurrents du petit triathlon déboulent complètement asphyxiés sur la même route.
L'organisation est archaïque et je suis obligé de canaliser moi-même les coureurs à pieds pour qu'ils ne se fassent pas percuter par les cyclistes de l'Iron Man. Surtout je ne veux pas que Graziella s'empale dans un de ces types. Au moment où elle passe à cet endroit, il n'y a plus de coureurs à pieds. Soulagement.
Il lui reste 2/3 du parcours à effectuer à vélo. Je retourne au bateau pour manger le reste des pâtes d'hier. Mais elles ont tournées. Matt reste sur le circuit.
De retour à terre nous attendons Graziella qui apparaît après 90 Km de pédalage intensif. Paul est devant et joue le rôle du lièvre. Elle s'accroche la petite sœur.
Nous les suivons vers la zone de transition. Là, nous la voyons s'étaler sur le gazon et s'asperger d'eau douce. Elle semble fatiguée par cette deuxième partie d'épreuve. 90 Km à vélo c'est long surtout quand tu ne te ballades pas et que tu dois te farcir des côtes pentues. Là voilà changée. Chaussettes propres, vaseline entre les cuisses et sous les bras. Une vraie pro. Elle rejoint Paul et ils repartent tous les deux pour la dernière partie du parcours : un semi marathon !!!! C'est à peine croyable.
Comment peut on se lancer en courant dans un semi marathon après avoir parcouru 2 Km en nage forcée et 90 Km à vélo à vitesse soutenue dans les côtes et les virages traîtres !! Ca commence à me sembler vraiment fou cette épreuve. Ils sont déjà partis.
Au bout de 45 minutes, nous voyons déjà les premiers abandons. Des grands gaillards aux muscles bien dessinés abandonnent tout simplement. Ils ont trop donnés durant la première partie du parcours. Là aussi, Graziella gère bien son effort. Je sais qu'à part un problème mécanique avec son vélo, elle ira jusqu'au bout. Les pros sont déjà arrivés.
Les 10 premiers avant même que Graziella n'ai déposé son vélo. 21 Km à pieds après tout ça c'est une véritable torture, d'autant que le circuit de course à pieds est constitué d'une seule boucle de 10 Km qu'il faut parcourir 2 fois. Psychologiquement c'est l'enfer. Je les vois arriver à la boucle après 10 Km de course, 90 Km de vélo et 2 Km de natation, et il faut repartir sur le même trajet pour 11 Km supplémentaires !!! L'enfer !
Nous voyons Graziella. Elle n'est pas parmi les premières, mais il faut savoir que le groupe de personnes qui courent le triathlon n'est constitué que d'athlètes. Enfin nous voyons Graziella arriver sur le dernier kilomètre où nous nous trouvons pour l'encourager. Paul qui souffre d'une déchirure musculaire lui, marche et arrive bien après. Graziella en a plein les bottes comme on dit, mais elle court et tient bien le coup. Je la vois souriante malgré la souffrance.
Elle se bat depuis 7 h et 5 minutes. C'est inimaginable d'être capable de résister à une telle charge physique. Encore 1 Km et c'est fini. Nous allons directement à la ligne d'arrivée pour prendre des photos. Elle arrive enfin et nous gratifie d'un immense sourire. 7 h et 15 minutes pour réaliser un véritable exploit. Le marathon ressemble à une promenade de santé comparé à cette épreuve. Je suis fier de ma petite sœur. Je sais maintenant que j'aurai raté un moment fort de sa vie si je n'avais pas pu être là.
Vers 16 h 30, nous sommes allés à une party organisée en l'honneur de tous les participants. On se croirait dans un village olympique. Tous ces hommes et ces femmes, sont en pleine forme et respirent la santé. Ca fait plaisir de se retrouver parmi eux.
Vers 20 h, nous retournons manger pour la dernière fois au restaurant de l'hôtel. Ce fut une brève mais belle rencontre.
Je leur ai donné rendez-vous à Boston et me revoilà sur Winnibelle.

 
Lundi 7 mai 2001.

Il pleut averse. J'en profite pour remplir ma réserve de 70 litres. La météo donne un vent de Sud à Sud-ouest pour la nuit mais pour l'instant c'est du Nord-est. Pas franchement favorable d'autant qu'il doit souffler aux alentours de 0,5 nœuds. L'éolienne ne tourne même pas ! J'attends le vent ! Le chat se démène comme un feu follet avec une de mes chaussettes !

16 h 30. Je décide de partir. La pluie s'est arrêtée pendant quelques minutes et le vent semble s'être stabilisé au Sud-est. J'effectue ma manœuvre de sortie de Christiannested au moteur, puis sortie de la passe, je hisse les voiles. La grand voile est arrisée à 1 ris. Le génois un peu enroulé. Je dois bien m'écarter de Buck Island à cause de récifs qui brisent loin. Ensuite je dois aussi passer loin d'un haut fond qui s'avance dans le Nord-est à au moins 10 miles de Sainte-Croix.

18 h 00. Je suis de nouveau seul avec mon bateau. Le chat se tient tranquille. Je suis obligé de rentrer de temps en temps pour lui présenter sa boîte de graviers pour que son excellence, puisse pondre son étron !! Je ne laisse pas la boîte ouverte dans ce type de conditions. Je suis au prés serré. Il pleut à verse et sans discontinuer, cette navigation n'est pas du tout fun sous la pluie torrentielle.

20 h 00. Des grains se succèdent avec de gros éclairs, j'ai peur de me prendre la foudre mais elle m'épargnera une fois encore. La nuit est dure, le bateau mouille évidemment. Je prends pas mal de vent à l'avant des grains.

01 h 35. Je suis obligé de prendre un deuxième ris. Puis suis à deux doigts d'en prendre un troisième !! Ca souffle fort mais les conditions restent tout à fait raisonnables. C'est simplement inconfortable. La pluie redouble d'intensité, j'ai l'équipement des grands jours sauf que sous ces latitudes, j'étouffe et transpire comme un bœuf là-dessous. Toutes les 20 minutes j'essaie de dormir mais comme je ruisselle d'eau, et que les grains ne me permettent pas de me déshabiller, je dors sur le plancher avec le chat qui lui est sur sa serviette. Lors d'un de mes retours depuis l'extérieur, je m'allonge sur mon coussin, celui qui sert exclusivement à l'extérieur, mais je n'ai pas remarqué que le minou a pris ma place. Il beugle mais reste entier. Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai manqué l'aplatir ! Le vent reste orienté dans une direction favorable.
Je suis au prés serré mais demeure sur le bon cap vers Simpson's Bay. En effet je dois repartir vers Saint-Martin donc contre le vent, contre les alizés et contre les courants pour aller chercher Thérèse à qui j'ai donné rendez-vous.

 
Mardi 8 mai 2001.

08 h 00. La pluie commence à se calmer et le vent tombe complètement. Je lance le Volvo pendant 15 minutes, puis le vent revient. Le soleil réapparaît d'abord graduellement puis fréquemment. Le vent oriente de plus en plus vers le Sud ce qui me permet de me maintenir dans le cap tout en m'écartant du vent. Je suis fatigué car cette nuit était dure. De plus, je ne me sentais pas très bien sur le plan du mal de mer. Eh oui, moi aussi quelques fois je m'approche du phénomène !

13 h 00. Je jette l'ancre en face du pont de la baie. J'attendrais 17 h 30 pour rentrer dans la lagune. J'en profite pour tout nettoyer et ranger. J'étale tout ce qui doit sécher.

17 h 30. Je rentre dans la lagune et me positionne à côté de Nemo le bateau de mon ami Rémi que j'ai rencontré récemment. Ca me fait plaisir de revoir ce bateau. Je passe le reste de la soirée à me relaxer puis vais me coucher vers 21 h. (Victoire de Valence en Ligue des Champions).

 
Mercredi 9 mai 2001.

07 h 15. Valence a battu Leeds United en ½ finale de la Ligue des Champions. Aujourd'hui c'est au tour du Real de Madrid de perdre contre le Bayern de Munich. Donc la finale sera constituée d'un match entre Valence et le Bayern. Aujourd'hui je reprends contact avec Rémi et Jo (Josiane) ils me parlent d'un sud-africain qui se trouve sur un bateau en aluminium qu'il a construit de ses propres mains. J'en profite pour aller lui rendre une visite. Il est super sympa. Un type extraordinaire qui a construit son premier bateau à l'âge de 11 ans (photos à l'appui) puis 2 autres bateaux en fibre de verre et enfin 4 bateaux en aluminium !!
Il a 45 ans et me montre son bateau sous toutes les coutures. Il est évident que ces navigateurs des mers du Sud savent construire et concevoir des bateaux de grandes qualités marines. Je suis impressionné. Après avoir terminé ma conversation, je vais faire des courses au supermarché du coin (60 dollars) de retour, je laisse mes courses au bateau et vais manger des crêpes sur Némo. Là nous discutons jusqu'à 2 h du matin. Jo exprime un peu de négatif à mon égard. Elle est très sensible et moi par suffisamment. Elle m'a perçu comme quelqu'un d'agressif, surtout envers les femmes. Hasard !! Enfin je la rassure et lui présente des excuses.

 
Jeudi 10 mai 2001.

Nous allons à Marigot vers 14 h avec l'annexe de Rémi. Moi j'achète une litière plus grande pour le chat et surtout dépose mon linge sale chez Nadia. Cela devenait urgent !
De retour au bateau nous décidons de repartir vers Marigot le lendemain matin.

 
Vendredi 11 mai 2001.

Je ne suis pas prêt au matin. Je fais ma gym, etc, lave l'intérieur. Je décide d'aller à Marigot en fin d'après-midi et en annexe. Avant cela je veux aller à Budget Marine pour tenter de trouver une carte générale des Iles Bahamas. En y allant, je vois un mec sur un bateau voisin. Il me fait un signe amical. Je décide de me détourner pour lui dire bonjour.
Son accueil est chaleureux. Il m'invite à bord et me fait visiter son rafiot, entièrement en bois et évidemment il est en train de réparer des pentes pourries de son rouf. Il me propose de faire l'inventaire des cartes que j'ai, car lui en possède sur la zone qui m'intéresse. Je pourrais en faire des photocopies. Chez Budget, j'achète la carte, 22,95 US Dollar !!!
Au retour je m'arrête chez le sud-africain qui me laisse prendre des photos des détails intéressants. Il est grippé jusqu'aux amygdales. Là, je découvre qu'il était chef d'une entreprise employant 120 personnes. Il fabriquait des meubles de jardin en aluminium moulé. Le résultat est superbe. Il a vendu son entreprise mais conserve 10 % de la filiale américaine. C'est un mec bien, un bosseur comme il en existe peu et surtout un créatif.
Je repasse par le bateau en contreplaqué où Pascal me propose de m'accompagner à Marigot avec son zodiac équipé d'un moteur de 55 ch. Nous nous envolons littéralement vers la Mére Denise (la patronne de la laverie) où j'arrive après 5 minutes seulement.
Le linge est une fois de plus superbement lavé et plié. De plus, j'aime bien la patronne Nadia car elle flirte toujours un peu malgré son âge !!
S'ensuit une tournée des bars de la marina. Pascal me présente ses potes, ses copines (il vit avec une femme depuis 20 ans). Nous décidons de ramener le linge au bateau et de retourner à Marigot pour rejoindre ses potes dans un petit restaurant. Le repas est très bon. Je me régale, mais mon nouvel ami sombre de plus en plus ainsi que tous ses potes, dans l'ébriété. Nous finissons la soirée à la Bodevita où je danse le zouk et la salsa (la salsa c'est pas encore ça !) comme un forcené.
Les gars sont complètement bourrés, incohérents. Leurs raisonnements puent l'alcool et l'ambiance nauséabonde de pets et murs poussiéreux. On se retrouve à 4 dans un bateau miteux pour fumer des joints. Je les observe depuis le cockpit se gaver d'herbe.
Je suis immensément détaché de cet univers bancal. Cela ne peut pas m'atteindre. Je prends moi-même les commandes de la super annexe et nous rentrons au bercail avec soulagement en ce qui me concerne. Drôle de soirée. Descente dans la fosse des pas grands choses ou de ces gens que l'alcool et le reste rabaisse à l'état d'épave.
Au moment de me coucher, Rémi et Jo viennent me rendre visite. Ils viennent de passer une soirée avec Aline et son mec à Simpson's Bay. Nous discutons jusqu'à 4 h du matin.

 
Samedi 12 mai 2001.

Je dors jusqu'à 11 h, fais un peu de ménage, réintègre le linge propre et me recouche. Je ne mange pas et effectue ma gym. Aujourd'hui jour de repos et d'écriture. Aucun contact avec mon environnement. J'attends maintenant Thérèse.

 
Dimanche 13 mai 2001.

Eh voilà je suis de nouveau avec Thérèse et son énergie débordante. Nous passons les jours prochains à préparer le reste du voyage : faire des courses pour engranger les victuailles que Thérèse juge nécessaires. Evidemment mon quotidien culinaire vient de changer du tout au tout. Le chat est vacciné, le spinnaker recousu, les bouteilles de gaz remplies, les pleins d'eau et de gasoil effectués, etc.
Nous avons passé une soirée avec Rémi et Jo ainsi que Sabine et son boy-friend Stéphane. Elle en jette physiquement ! Le repas est superbe encore une fois Thérèse s'est défoncée (Sabine et Stéphane sont des amis qu'elle a rencontré sur son vol Paris/St Martin).

 
Mercredi 16 mai 2001.

Nous partons à 20 h. Le vent est faible et plein travers. Le chat veut se balader sur le pont m'obligeant à une surveillance accrue. Du côté de Thérèse, pas de souci, elle donne à manger aux poissons. C'était prévisible, elle a le mal de mer et elle souffre !
Moi j'entame mes tranches de sommeil car le trafic est relativement important.

 
Jeudi 17 mai 2001.

06 h 30. J'installe le spi et l'envoie car nous nous sommes traînés toute la nuit. Winnibelle reprend une vitesse acceptable (5,2 nœuds). La traîne est installée des fois qu'une dorade veuille bien se jeter dans notre assiette. Avec Thérèse à bord ce genre d'activité devient possible. Car lorsque j'étais seul, je n'avais aucune envie de me battre avec un géant subaquatique pour me retrouver avec 1 tonne de viande gâchée par manque de savoir-faire culinaire ! Mais pour le moment ça ne mord pas.
Là je ne suis pas le moindre du monde surpris. Les poissons n'ont pas grand chose à craindre quand c'est moi qui pêche !

12 h 15. Les côtes de Virgin Gorda commencent à émerger.

16 h 00. Le satané stylo fait des pâtés !! Et le chat vient de mettre ses pattes dedans. Donc nous voilà enfin à l'entrée des Baths. Le bateau est sur une bouée. Thérèse et moi découvrons le spectacle saisissant de ces énormes blocs de granit pris dans la lave autrefois. L'érosion au fil des siècles s'est attaquée à la lave tendre tandis que les énormes blocs de granit s'écroulaient les uns sur les autres. Le résultat est tout simplement spectaculaire. On se ballade les pieds dans l'eau de mer et la tête sous les voûtes de granit emboîtés les uns sur les autres ! C'est tellement beau que nous y restons deux jours avec une incursion à Spanish Town, la seule ville du coin. Thérèse m'offre des cocktails (pinacolada). Nous passons de superbes moments sur ces plages magnifiques.

 
Samedi 19 mai 2001.

Départ de Virgin Gorda, arrivée à Cinamon Bay (St John) pour un petit retour en arrière. L'endroit est magnifique. Je passe 3 h dans l'eau à essayer d'attraper une belle langouste.
Elle est futée, moi pas bien outillé. J'ai essayé de me fabriquer un outil pour les attraper mais ça ne fonctionne pas. Résultat de l'opération, pas de langouste et une inflammation due au contact avec du " fire coral ". J'en ai pour deux semaines pour me débarrasser de ces boutons rouges qui te démangent en permanence (un an plus tard je les ai toujours ces boutons rouges). J'en ai sur la poitrine et sur les avant-bras. J'en profite pour aller à terre et téléphoner à Paul. Rendez-vous est pris pour le lendemain dimanche.

 
Dimanche 20 mai 2001.

Départ vers 13 h arrivée à Cruise Bay vers 16 h, le trafic est toujours aussi intense avec tous ces ferrys. A l'entrée du dock, Thérèse et moi qui venons de débarquer en annexe rencontrons Suzanne. Ils ont prévu un pique-nique à Annaberg là où Paul et Suzanne se sont mariés, là où aussi, le père de Paul a reçu sa célébration finale, juste après sa mort. Puis nous allons dîner à Cruise Bay (100 dollars le repas offert par Thérèse et moi) c'est le genre de dépense qui fait mal aux tripes quand l'argent fait tant défaut. Mais comme le dit Thérèse, il faut un peu de savoir-vivre dans la vie. C'est vrai !

 
Lundi 21 mai 2001.

Départ 13 h pour St Thomas arrivée à 15 h 30 à Charlotte Amalie. Nous nous baladons en ville. Moi j'effectue ma clearence de sortie, puis au retour j'achète, enfin … Thérèse achète, un outil spécialement conçu pour capturer des langoustes. Le challenge est lancé : je dois amortir cette dépense 36 dollars. C'est le prix d'une langouste dans un bon restaurant. Nous nous attablons à The Green Horse pour un cocktail. C'est the happy hour : two for one !! Nous en profitons.
De retour au bateau, nous sommes frappés par une fatigue inexplicable qui implique au lit et vite.

 
Mardi 22 mai 2001.

La journée commence mal. L'ordinateur de Thérèse se met en rade à cause de batterie morte et de mon alimentation dont le fusible pête juste au mauvais moment. Résultat on court pour trouver une disquette de Fire Recordery mais impossible de tomber sur ce genre de truc à St Thomas. Nous envoyons des emails, plus des coups de téléphone puis finalement vers 16 h 30 nous rentrons au bateau.
Il faut s'activer car le départ est prévu pour la fin d'après-midi. Thérèse me prépare un déjeuner slash-dîner à 16 h 30, quand je réalise que la marina ferme sûrement à 17 h.
Branle-bas le combat pour arriver avant la fermeture et effectuer le plein d'eau. Eh oui, il faut négocier pour obtenir l'eau car il est 17 h pile quand je mets pieds au quai.
Enfin on l'a quand même notre eau ainsi que de la glace pour Thérèse. (J'en profite aussi bien sûr !!).

Départ 17 h 30, la destination c'est les Bahamas. Terrain totalement inconnu pour moi. Nous y serons dans 5 jours, si tout se passe bien.

23 h 35. Je m'installe tout doucement dans une routine que je connais bien maintenant. Tout le monde dort (Thérèse et le chat !), moi je veille, la navigation, le bateau, les rails, les cargos. Je savoure cette indépendance, cette liberté de mouvements fantastique qui m'emmène de pays en pays, de ville en ville, d'amis en amis. J'ai dû tremper le chat dans l'eau cette nuit, car il ne prend décidément pas conscience du danger qui le guette autour du bateau. Puis je le lave au shampoing histoire de rentabiliser la trempette nocturne. Il ne gueule même pas. Il se sent tellement en confiance que ça ne lui traverse pas l'esprit qu'il s'agit en fait d'une leçon de vie, au contact d'une mort possible omniprésente même pour moi ! Alors me revoilà seul, face au cahier. Le bateau roule comme d'habitude. Je suis sous-génois tangonné et le vent est assez faible, peut-être 10 nœuds. Je vois la côte de Porto-rico sur mon bâbord. Un endroit que je prendrai le temps de connaître une autre fois. La nuit se passe comme d'habitude dans les coins fréquentés. Je veille beaucoup.

03 h 30. Le ciel s'assombrit. Je décide de bien réduire le génois. J'ai à peine terminé que les premières gouttes arrivent de leur altitude. Je ferme tout ainsi que la descente. Des trombes d'eau s'abattent sur le bateau mais il est prêt, malgré le vent, pas besoin de sortir. Tout va bien.

 
Mercredi 23 mai 2001.

06 h 50. J'espace les tranches de sommeil. Thérèse est malade et le restera jusqu'à tard dans l'après-midi. La mer s'est formée le vent est moins clément (force 5 environ). J'ai mis la ligne à l'eau de bonne heure mais là encore je n'ai aucun succès.

13 h 00. Je vois une grande dorade coryphène à la poursuite de poissons de surface. Elle décolle et me présente son beau corps bleu argenté. Elle ne s'intéresse même pas à mon poulpito !!

17 h 00. Thérèse va mieux et me prépare un bon dîner à base de légumes à peine sautés. Délicieux.

19 h 30. Après le dîner, le mal de mer revient pour Thérèse. J'ai réduit mon génois tangonné. La nuit s'annonce bien malgré les mouvements incessants du bateau, de gauche à droite et de droite à gauche. Ca roule tellement que Thérèse cette fois-ci éprouve des difficultés à se réadapter à la vie en mer. Pour le chat, pas de problème. Je suis même obligé de fermer la descente pour l'empêcher d'aller sur le pont. La mer est traîtresse pour un jeune chat inexpérimenté et surtout curieux de tout. La nuit se passe sans particularité. Je me suis remis dans le bain des tranches de sommeil.

 
Jeudi 24 mai 2001.

J'ai modifié la ligne en remplaçant la planchette chinoise (ou japonaise je ne sais plus !) par un plomb. Je l'installe vers 6 h 30 du matin. La mer est devenue belle aujourd'hui, j'ai empanné le tangon et ai pu envoyer la grand voile car le vent est passé au Sud-est. Thérèse semble sortir de son mal de mer chronique.

12 h 40. Déjeuner avec du riz super bon concocté par le chef et des cookies pour le dessert. La ligne ne donne toujours rien, alors en fin d'après-midi je rajoute des poulpitos pour former un banc !!! On verra.

21 h 15. Me voici encore seul face à la nuit. Thérèse dort ainsi que le chat. Rien de passionnant à raconter. Plus tôt dans l'après-midi, nous avons discuté de mon fils et de la forte tendance qu'ont les femmes à se comporter comme des putains contemporaines. Si j'avais gagné 50 000 F par mois, et que nous avions habité un 200 m 2 à Paris, Stacy serait sans doute restée avec moi comme beaucoup d'autres qui ont la chance de se marier avec des fournisseurs plus performants que moi. C'est triste mais c'est comme ça. La nuit se déroule comme d'habitude, avec mon pote le minuteur et le chat qui vient me rendre visite parfois.

 
Vendredi 25 mai 2001.

La nuit s'est très bien déroulée avec très peu de vent. Ce matin, le vent est stable au Sud donc plein travers. Je renvoie la grand voile avec le génois toujours sur son tangon. La ligne est à l'eau mais sans aucun succès.

10 h 00. Thérèse s'asperge d'eau de mer que je lui verse avec le bidon noir. Puis, j'installe un cordage à l'arrière et me lave à mon tour. Mais cette fois-ci, je traîne à la poupe avec délice. Quelle superbe façon de se laver. Je remonte, me savonne et hop, de retour à la traîne. Le chat qui me suit partout veut venir dans l'eau mais je l'asperge de façon à l'en dissuader, ça marche !

12 h 00. Nous cuisinons ensemble des pommes de terre pour une salade. Les discussions vont bon train.

15 h 00. La mer se reforme et le vent se renforce plein arrière. 19 h 00. Je suis obligé de réduire car la mer est trop dure et le vent pousse trop sur le génois totalement déroulé.

20 h 00. Nous mangeons une soupe délicieuse, décidément c'est le grand luxe culinaire lorsque Thérèse est à bord. Elle a retrouvé sa bonne humeur car le mal de mer la laisse tranquille.

22 h 00. J'écris ces mots seuls, tout le monde dort. Le bateau est pas mal chahuté à cause du roulis. J'ai reçu une vague sur le cockpit, y avait longtemps. Encore 150 miles à parcourir avant Great Inagua où j'ai décidé de me rendre. Cette île sera la première des Bahamas que nous découvrirons. Le coucher de soleil était magnifique.

 
Vendredi et samedi 25 et 26 mai 2001.

Pas d'événement extraordinaire. La navigation suit son cours. Mes lignes de traîne ne ressemblent plus à rien. Elles arborent de pauvres moignons d'hameçons.
Tout ce que j'accroche ce fait exploser par la taille décidément hors normes de véritables monstres marins.





































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