Antigua, Saba, Marigot, Saint Martin


Mardi 6 février 2001.

Les aventures d'un explorateur ni qualifié ni expérimenté, en résumé bleu. Préparatifs pour le départ vers Saba ce soir vers 22 heures sauf si une charmante antiguanaise m'incitait à rester plus longtemps, ce que je doute vu qu'ils ont l'air d'avoir des détecteurs de dollars à la place du cerveau ici. Donc la détection ne devrait pas orienter une jolie de ces jeunes îliennes vers moi. Ou alors il faudrait qu'elle ne soit pas belle et très en manque. Vu que moi je suis dans la catégorie des fauchés très en manque aussi, autant dire que ça vibrerait dans les haubans de Winnibelle !!

21 h 20. Départ, je retrouve vite mes marques. L'annexe est pliée, rangée sur le pont. Le moteur ré empaqueté sur sa chaise et sous deux couches de sacs poubelle. Ce n'est pas beau mais efficace. Je viens de passer un moment avec deux britishs, ceux qui possèdent un Swan de 40 pieds de 1972 et dont je m'étais procuré le plan lors d'un de mes séjours en Floride. C'est un beau bateau qui présente des avantages indéniables par rapport au Centurion et dont un qui n'est pas des moindres : parfaite accessibilité du moteur et du système de gouvernail ainsi que tous les réservoirs et les batteries. Il est très bien pensé ce bateau et très simple au niveau du design intérieur. C'est bien d'en avoir vu un en bon état.

02 h 35. Je me suis écarté de l'île d'Antigua qui se trouve maintenant loin derrière. Je fais route dans le 317 pile sur la trajectoire du GPS. Il y a un gros je ne sais quoi derrière moi. J'attends de le voir passer pour reprendre les tranches de 35 minutes. Et oui trafic oblige, elles se sont raccourcies mes tranches. On n'est plus seul en plein atlantique !

 
Mercredi 7 février 2001.

Réveillé vers 6 h 20 du matin je n'ai presque pas dormi c'est normal après 15 heures de sommeil juste la veille. J'étais, on pourrait presque dire, trop reposé !

09 h 00. J'ai tout le chapelet d'îles Nevis, St Kitts, et bientôt Stassia qui défilent sur mon bâbord. La mer est agitée, de nouveau je suis à l'intérieur tout fermé car mon cockpit est bien mouillé. J'ai pris mon jus de citron pressé quotidien, merci Lalie car c'est grâce à elle que j'ai eu ces superbes citrons. Il ne m'en reste plus qu'un qui, d'ailleurs, est sur le point de passer à travers le filet que j'ai installé dans le carré. Les mailles sont tellement larges que je me retrouve toujours à un moment ou à un autre accompagné par la présence irritante d'une gousse d'ail ou d'un citron. Au moins j'ai la radio allumée avec des stations FM fortes et claires. Bien sûr j'ai zappé les émissions animées par les traditionnels prédicateurs VRP du Christ chez les blacks. 10 ans après mon séjour aux US VI, sur ce point, ça n'a pas changé.

13 h 25. Saba est bien en vue. J'avance vite et commence à me préparer pour un atterrissage qui s'annonce sport vu le vent et la houle. J'arrive enfin devant l'espèce de tout petit port sur le flanc de l'île. Il est trop petit pour pouvoir y entrer. Il y a des mouillages sur bouée devant mais, après m'être suffisamment approché, je me rends compte que la mer est trop agitée dans le coin. Tant pis pour les formalités qui doivent être faites ici. Je redécolle vers la face Nord-est de l'île, vers Ladder Bay.

16 h 00. Je suis devant Ladder Bay. Surprise ! Je croyais qu'il y aurait une petite plage ou quelques arbres, cocotiers ou autres palmiers que sais-je, mais en fait de baie, ce n'est qu'une falaise accore à peine incurvée. Il y a aussi des mouillages sur bouées assez loin de la côte. Je choisis le seul qui est libre et m'amarre. Après un plongeon, je constate que l'eau est absolument limpide. C'est beau car c'est très sauvage. Je comprends pourquoi cette île est encore intacte avec d'après les instructions, un taux de criminalité égal à zéro. L'île est tout simplement inaccessible. Il est trop tard pour tenter une descente à terre. Au moment où je m'apprête à rentrer dans la cabine après avoir tout rangé sur le pont, une annexe chargée de 4 personnes passe à quelques brasses de Winnibelle. Je leur fais signe de venir vers moi, puis je les invite à bord pour boire un thé. Ce sont des britishs très sympas, nous avons une discussion gentille, puis ils repartent à leur bord. Mais moi je me prépare de quoi manger puis vais me coucher car la mer c'est fatiguant.

 
Jeudi 8 février 2001.

10 h 00. Je décide de remouiller le bateau sur ses propres ancres, tout près d'un escalier de pierre qui fut longtemps le seul accès vers l'intérieur de l'île pour se rendre au village The Bottom. L'ancrage s'effectue sans problème mais je décide de mouiller ma CQR pour m'écarter de la cote si le vent changeait de direction. Puis je me rends chez les britishs qui m'avaient invité hier à venir visiter leur bateau aujourd'hui. Le bateau est encore une fois le fruit d'une volonté et d'une patience mêlé de savoir-faire et d'une dextérité peu commune. Seul la coque et le pont sont d'origine professionnelle. Le reste a été réalisé par le propriétaire, un ingénieur en informatique son nom est Graham, sa femme Elisabeth et leurs amis.

12 h 30. Je me rends au pied des escaliers de pierre sur la côte. L'atterrissage est très difficile. Je n'aurais pas dû y aller avec le moteur car par son poids, il rend la manœuvre pour un homme seul extrêmement délicate. De plus les vagues sont importantes. Bref après quelques efforts le dinghy est au sec. Pour le mettre à l'abri des vagues j'ai dû enlever le moteur, déplacer l'annexe, puis replacer le moteur. Ce faisant je transpirais d'avance rien qu'en pensant à la remise à l'eau. Puis la montée de l'escalier, près de 500 marches et des marches de 1 m de longueur. L'île est très sauvage, les gens super sympas. Je passe la journée à me balader, à parler à des Danois, des Américains, des locaux. Je réussis même à rencontrer une femme qui connaît Jéromine Pasteur. Je cherche cette femme inconsciemment, elle représente tellement de valeurs inconnues de la plupart des gens, que sa personnalité m'attire. Bien sûr elle n'est pas sur l'île et personne ne sait où elle se trouve. Peut-être la rencontrerai-je un jour !!

Vers 17 heures
, je décide de revenir vers le bateau pour éviter une manœuvre que je pressens dure de nuit. Après l'interminable escalier dans un décor fabuleux, je retrouve Winnibelle qui se balance assez durement sur son mouillage. Je refais les mêmes opérations, mais en sens contraire. Et ça marche. Je me retrouve dans l'annexe à bonne distance de la zone dangereuse. Mais après quelques essais assez infructueux, le moteur refuse de démarrer. Il y a une autre annexe au pied de l'escalier, mais ses occupants malgré la soirée qui s'annonce, ne sont pas dans les parages, alors je commence à ramer contre le vent et les vagues et un moteur devenu encombrant par son inertie. Je progresse cependant très doucement vers Winnibelle. Sur ce, les occupants du dinghy sur la plage apparaissent au pied de l'escalier. Ils me font signe qu'ils vont me remorquer. Mais je suis déjà tout proche du bateau quand ils arrivent. Le contact que nous avons est excellent. En l'espace de cinq minutes ils décident de m'inviter à dîner le soir même et de venir me chercher si le moteur reste muet. Après analyse du problème, j'en conclu que la panne est liée à l'électricité car il n'y a pas d'étincelles à la bougie. Je décide d'attendre, il fait nuit et je n'y vois plus rien.

19 h 30. Ils viennent me chercher. Ce sont trois américains qui prennent 7 jours de vacances sur un Centurion 48 de location. La soirée se révèle être délicieuse en grande partie car ces américains sont délicieux. Très cultivés, éduqués au top. Tous détenteurs de multiples master. Tous auteurs de plusieurs bouquins, etc, un vrai régal de discuter avec eux. De plus ils ont tous vécus en France soit pour des raisons d'affaires soit pour enseigner. Vick a passé une grande partie de sa vie à voyager en Europe et dans le Moyen-orient. Robert, bob, a vécu 5 années au Japon et s'est même permis d'être l'interprète au Japon de l'ambassadeur américain. Un homme d'une grande culture, très intéressant. J'ai peut-être commis un impair en lui disant que son gendre français devrait immédiatement se séparer de sa fille car ils sont sur le point de concevoir un enfant. Bref on verra avec le temps. Je leur propose de venir prendre l'apéritif demain 11 h 30 sur Winnibelle.

 
Vendredi 9 février 2001.

10 h 00. Je contrôle mes ancres. Pas de problème, mais le vent s'est renforcé, et la mer s'est dégradée. Un atterrissage à terre est exclu en ce qui me concerne. Je prends la météo sur Radio Saint-Barth, elle n'est pas bonne. Le vent va s'intensifier et l'état de la mer va empirer sur le week-end. Alors je nage jusqu'au bateau des américains et leur fait part de cette météo. Nous décidons d'un commun accord de lever l'ancre immédiatement pour aller se réfugier à St Martin dans la baie de Grootbay.

12 h 00. Ma manœuvre est longue et laborieuse à cause du vent fort, du fait d'être seul sans poussée-moteur, et aussi du fait que j'ai deux ancres dans l'eau. Enfin après une bonne suée, je suis libre et en route vers Stassia car il me faut tirer des bords pour contourner à l'Est l'Ile de Saba. Dommage j'aurai voulu rester plus longtemps dans ce coin, mais il faut vraiment de superbes conditions météo pour ça. Je vois les américains effectuer leur remontée de la façade Est de Saba. Ils l'effectuent au moteur. Une fois l'île sur mon bâbord, je m'aperçois avec tristesse, que même en serrant le vent au maximum, je ne pourrais pas atteindre ma destination sur un seul bord. Le vent est fort. J'ai pris deux ris dans la grand voile avec un peu de génois. La mer est courte, hachée, je m'en prends plein la gueule. Je suis obligé de descendre dans la cabine pour me sécher et enfiler mon ciré et mes bottes. J'avais déjà mon harnais sur moi. Puis je retourne barrer. Je ne veux pas perdre un degré sur le vent. Donc je barre en permanence. C'est dur, le bateau souffre, mais c'est le prix à payer pour avoir goûter à la saveur de Saba. Vers 21 h 00 j'arrive à l'Ouest de l'aéroport de St Martin, non sans avoir dû manœuvrer pour éviter un grand voilier un 3 ou 4 mâts barque. Puis je vire de bord pour revenir sur Gr00tbay.

23 h 30. Après trois virements de bord, j'arrive enfin dans la baie, puis mouille à côté d'une grosse barge. Ensuite je me prends une douche d'eau douce car je suis aussi salé qu'une morue !! Puis dodo, je suis cassé.

 
Samedi 10 février 2001.

10 h 00. Je prends mon petit-déjeuner avec les américains qui m'ont gracieusement invité. Avant cela, je m'étais rapproché de leur mouillage. Je les invite à mon tour pour venir dîner à bord de Winnibelle vers 19 h 30.

14 h 00. Je m'attaque au moteur Seagull. En fait les connexions électriques sont oxydées. Un peu de papier de verre et il démarre du premier coup. Vick et Tim qui observent de loin sont époustouflés par la performance !! Il n'y a pas de quoi, mais pour des intellectuels peu habitués à bricoler, cela relève du tour de magie de réparer un moteur en 5 minutes. J'en profite pour percer un deuxième trou sur la portière du frigo de manière à la bloquer en position ouverte. Il y a tellement de vent que je décide de rester à bord.

19 h 30. J'ai préparé un bon repas avec du riz, oignon, ail, jambon cru de Lalie, etc. Vick, Tim et Bob arrivent avec une salade, une bouteille de champagne et un mini ravitaillement pour moi. Comme ils repartent dans 2 jours, ils me donnent le surplus. Génial ! Encore une fois la soirée est délicieuse. Je les regretterai !

23 h 00. Les grains se succèdent avec sous chacun d'eux des vents violents. L'annexe fait des loopings derrière le bateau. Heureusement que le moteur est sur Winnibelle !

 
Dimanche 11 février 2001.

07 h 40. Bulletin météo spécial. Pour la côte, vent de force 6 à 7 avec du 8 à l'avant des averses. Mer forte à très forte, en moyenne 3 m de creux. Décidément j'ai pas encore trouvé les conditions sympas qui te permettent de te balader, de nager tranquille, ou de descendre à terre sans te demander si ton bateau n'est pas en train de déraper ! Je vais quand même essayer de descendre à terre aujourd'hui après le déjeuner.

 
Lundi, mardi, mercredi du 12 février 2001 au 14 février 2001.

Pas grand chose à signaler sur ce journal de bord. J'ai rencontré une hollandaise très sympa avec laquelle je me suis lié d'amitié. C'est une journaliste de formation ingénieur en mécanique, elle a 36 ans et vient de décider de venir sur ses propres moyens aux Caraïbes pour rencontrer des navigateurs. Une femme de + de 1,80 m car elle ne passe pas sous la hauteur sous barreaux de Winnibelle. Pleine de simplicité et de détermination. Je pense qu'elle possède un gros potentiel. Je lui ai proposé de venir dormir à bord et ce sans aucune arrière pensée, car malgré mon manque de sexe évident, elle ne dégage aucune féminité ou même une bribe d'érotisme. C'était donc une offre totalement désintéressée. Mais elle vient de trouver un embarquement en temps que cuisinière à bord d'un voilier charter. Tant mieux car ça m'évite des complications liées à la vie à deux à bord d'un petit voilier. Ceci dit, j'ai été heureux de rencontrer une personne de sa qualité.
Puis après cette rencontre je n'ai pris contact qu'avec quelques vendeuses noires de la petite rue où se trouve un musée. J'espère secrètement en attirer une dans mon lit mais ne me fait guère d'illusions. De plus j'ai l'impression que le décalage culturel, et donc moral, est tellement grand que je ne ferai que m'attirer des problèmes. La solitude ne me pèse pas trop car je m'accommode bien de moi-même et de mes pensées. J'ai l'impression d'être seul partout où je me trouve. Le décalage est trop grand avec mon environnement.
De temps à autre je tombe sur des gens fabuleux avec lesquels je connecte, non pas du tout que je me positionne dans la catégorie des gens fabuleux, mais plus simplement parce que mes spécificités positives ou négatives, éveillent la curiosité de gens desquels je peux apprendre.
Sur le plan professionnel ma bouée de sauvetage nommée Aluminium Cat of américa, semble se dégonfler à vue d'œil. Lorsque j'ai appelé Jean-François pour reprendre, comme prévu, contact avec lui, l'enthousiasme des premiers jours n'y était plus. Je dois le rappeler dans une semaine. Mauvais signe, mais c'est la vie. Il faudra que je me démène pour trouver autre chose. Dans une semaine, si la réponse est, comme je m'en doute négative, il faudra que je prenne quelques décisions drastiques sur la conduite à tenir et la direction à prendre. En attendant, je m'installe dans une sorte de petite routine. Le matin réveillé vers 6 h 30, je mets la radio vers 7 h 15 pour les infos et la météo marine vers 7 h 40 (11 h 40 T.U.), puis je me lève, prends un petit-déjeuner constitué d'orange et de nutella. Je fais ma gym juste après puis je me lave en plongeant dans l'eau, ça c'est super en plein hiver. Je me rase, m'habille et prépare l'annexe pour aller à terre. C'est ce que je m'apprête à faire aujourd'hui.

 
Jeudi 15 février 2001.

On verra ce que ce petit tour à terre va provoquer. Bon déjà, un noir ancré juste à côté de moi me demande si je peux le déposer à terre car évidemment il ne possède pas d'annexe. Le bateau en lui-même me paraît louche. Ma foi il me dit qu'il l'a acheté ! En allant avec lui à terre, pour la énième fois, le moteur s'arrête.
Heureusement un autre noir sur un dinghy me remorque jusqu'au quai le plus proche. Rien à faire pour le moteur, alors je retourne au bateau seul et à la rame. C'est le pointeau de la cuve à essence qui est resté bloqué en position fermé. OK ça marche. Derrière moi je trouve, ancré, le bateau de mes rêves. Calqué sur le modèle des 60 pieds open du Vendée Globe, ce bateau respire la robustesse. Je me rends en annexe près de lui et au bout du deuxième tour, le skipper sort pour voir ce qui se passe. Le gars est français, 45 ans, électrotechnicien qui bossait sur le projet Ariane 5 en Guyane. Il s'est construit un premier bateau qu'il a vendu, puis s'est doté d'une coque pontée en aluminium de toute beauté qu'il termine progressivement. Son bateau est immatriculé à Gibraltar pour éviter tous les ennuis relatifs à la douane française. Il l'on autorisé à demeurer en Guyane avec ce bateau. Quatre années plus tard et pas mal d'investissements dans ce bateau, les douaniers lui tombent dessus 2 jours avant son départ vers le Sud. Le bateau a été saisi contre remboursement des taxes à hauteur de 230.000 F. L'argent du premier bateau mis de côté pour partir en croisière est entièrement parti à la douane qui déjà avait sollicité le marché des acheteurs potentiels en mettant le bateau en vente à hauteur de l'amende réclamée. Ecœurant à vomir. De véritables enculés ces pédés. Alors au lieu de descendre vers le Détroit de Magellan, le voilà à Saint-Martin pour regonfler la caisse de bord et pour attaquer la douane via le Tribunal Administratif. A part çà le gars qui s'appelle Rémi est très sympa, il connaît bien Isabelle Autissier et Jéromine Pasteur !! Je le reverrai sans doute dans le coin. Le reste de la journée s'est passé sans grand intérêt à révéler.

 
Vendredi 16 février 2001.

Comme d'habitude, je me rends à la Maison de Hollande pour les emails, et là je retrouve Titia la hollandaise. Elle a rendez-vous avec les dirigeants d'une société qui marche fort à Saint-Martin. L'idée de départ est génial, exploiter les 12 mètres Classe J de l'América's Cup de 1987. Titia est supposée écrire un article sur cette société et est invitée pour suivre, comme les autres, l'activité offerte contre la modique somme de 70 Dollars. Moi je la suis et me retrouve gracieusement invité aussi.
Au début je me disais que ce serait de la daube en sauce à donner en pâture aux gros phoques américains, aux canadiens, que vomissent chaque jour les bateaux de croisières norvégiens. Puis en fait je me suis réellement régalé. Nous sommes divisés en deux équipes, l'une sur le vrai Stars and Strippes grâce auquel Dennis Corner a ramené la coupe perdue par les australiens, et l'autre, sur Canada II qui fut battu la même année en demi-finale. Les conditions sont idéales, le parcours et les procédures qui s'y rattachent sont identiques aux conditions de l'América's Cup. Chacun occupe un poste spécifique au winch et au moulinet. Moi je suis sur le moulin à café de l'écoute de grand-voile. Je suis fasciné par la puissance de ces bateaux et par leur capacité à remonter au près, 22° d'angle (44 au total). De plus les skippers sont bons et coup de bol, la course qui oppose les deux bateaux devient réellement serrée avec un enjeu exacerbé par l'écart minime qui nous sépare. Malgré le fait que ces jeunes skippers sont sans doute écœurés par la routine, cette fois je les vois se donner la bourre avec un finish sur la ligne et une avance peut-être de 50 cm pour Stars and Strippes, alors que nous avions une avance confortable sur lui. J'étais aussi excité qu'un jeune chien fou. Je ne suis pas prêt d'oublier les sensations éprouvées sur ce bateau et surtout celles qui sont liées à la lutte tactique et au duel que se livrent les jeunes des deux skippers. Cela donne une sorte de poursuite forcenée où quelques fois, les coques s'effleurent à la limite du contact. Vraiment extraordinaire.
Rien à voir avec ce que j'avais vécu jusqu'à présent. Ensuite, j'ai discuté un peu avec le skipper qui vit avec une française sur un petit trimaran. Ils ont aussi traversé l'Atlantique là-dessus, avec des tas de problèmes liés au gouvernail. Il me racontera çà en détail. Le soir venu nous sommes attablés avec quelques personnes dont une, Tino, qui se trouvait à bord de Canada II avec nous. Deux femmes sont avec lui dont une qui termine la soirée avec moi à bord. Elles sont toutes les deux houses-skippers (femmes de ménage) sur un gros bateau de 57 m. Le propriétaire est un juif new-yorkais infâme. Debbie est la copine de Tino (first maid) et Suzanne est une ancienne prof d'anglais qui démarre une aventure sur le tard (elle doit être âgé de 38 ou 40 ans).Pas de sexe, juste le plaisir d'avoir une femme mignonne de surcroît, à bord.

 
Samedi 17 février 2001.

Je passe la journée en la débutant par ma routine gym, plongeon, douche, rasage et petit-déjeuner. Je discute avec Suzanne. Ensuite je décide d'installer le taud. Il tombe très bien et c'est avec un réel soulagement que nous profitons de la brise des alizés à l'ombre. Un bateau Costguard français me tourne autour et prend des photos de Winnibelle. Puis il s'en va !!! Je suis assez perplexe, que me voulait-il ??
Il est 16 h 34 et Suzanne dort depuis 2 heures. Elle vient de terminer quatre mois de travail intensif avec un capitaine tyrannique et un propriétaire plein de fric. Son repos est compréhensible. Je descends à terre avec elle ou nous contrôlons nos emails respectifs. Comme d'habitude j'ai un email de Geneviève. C'est sympa de communiquer journalièrement avec une amie. Puis nous revenons à bord. Rien de particulièrement excitant ces derniers temps. Suzanne n'est pas du tout une assoiffée du cul. Donc pas d'activités de ce côté là.

 
Dimanche 18 février 2001.

Je crois que ma vie est entrée dans une phase de calme dûe à la position de stand-by actuelle. C'est le plein étal en ce moment. Avec cette femme à bord, c'est un peu plus vivant quoi qu'elle dorme une grande partie du temps. Il est 9 h 16 elle dort toujours. Elle est juste à côté de moi enveloppée d'un drap blanc. Je devine ses courbes que je caresserai très volontiers. Mais là aussi, c'est l'étal, patience. Je vais bien finir par trouver une nana portée sur le sexe, au moins un peu plus que la hollandaise et cette australienne.
On dirait que le désir ne les travaille pas souvent. L'une absorbée par son journalisme, l'autre absorbée par sa fatigue. Je la sens bien ancrée surtout dans son conditionnement. Des phrases du style : " en Australie les femmes ne se comportent pas comme çà ", en référence à Geneviève et Thérèse, çà ferme des portes et en ouvre d'autres que je n'emprunterai pour rien au monde.

 
Reste de la période jusqu'au départ pour les Iles Vierges.

Le séjour à Philips burg n'a pas été très excitant. Les gros porte-couillons déversent quotidiennement leurs centaines de gros américains blancs joufflus qui déambulent le long de rangées de petits magasins bourrés de souvenirs à acheter. Et ils achètent, une preuve de leurs pas sur le sol des Caraïbes.
Le soir venu, back to the ship et les rues deviennent désertes. Alors je décide de partir à Simpson's Bay où l'activité est supposée moins régie par le tourisme moyen.
Le jour du décollage, je mets le Volvo en route et je m'aperçois que la pastille d'expansion antigel posée par les Etablissements Barthes, fuit copieusement. En fait je me rends compte qu'ils n'ont pas tenu compte du fait qu'il s'agissait d'un moteur à refroidissement eau de mer directe. Cela veut dire que la pastille devait être en inox or elle n'est constituée que d'acier/fer/carbone classique. Et me voilà bien emmerdé avec une fuite d'eau de mer qu'il faudra résoudre.
L'intervention est chiante car il faut sortir la mauvaise pièce montée en force et collée puis la remplacer par une autre aussi montée en force et collée, le tout dans un espace évidemment toujours exiguë. Je hisse les voiles et fait le tour d'un immense porte-avions américain, le USS GF KAY. Le spectacle est grandiose et n'est altéré que par la présence d'un petit pratouilleur qui me fait signe de dégager la zone. Cette toute petite navigation est jouissive. Je me régale avec un petit vent de travers et pas de mer. Seul vers Simpson's Bay. Puis m'y voilà, je jette mon ancre.

Puis le lendemain, je commence à me renseigner sur la possibilité d'acheter la pièce manquante pour le moteur à Saint-Martin. Finalement je demande à papa de me l'envoyer de France. Je vidange le circuit d'eau et le remplace par de l'eau douce pour arrêter le phénomène de corrosion qui me bouffe la pastille. En attendant je sors tous les soirs au Soggy Dollar, sorte de petit bar situé sur la Marina de mega yachts à voile. Là je rencontre Risèle et sa copine. Risèle a le béguin (comme on disait dans le temps) pour moi.
Elle est noire, intelligente et éduquée en hollande. Mais je m'aperçois très vite qu'elle recherche le prince charmant longue durée. Je lui fais brutalement comprendre que je ne suis pas le bon candidat et illico dans la même soirée j'embarque une suédoise après 15 minutes de brèves palabres. Elle me fait passer un bon moment sans plus.
En effet, je n'imaginais pas les suédoises proches des teutons dans leurs manières de faire l'amour. Enfin, elle embrasse bien et mouille à souhait, et en plus elle sait ce qu'elle veut. Pas de veines fioritures. On se voit deux nuits de suite et elle repart pour la Suède.

Ensuite j'ai poursuivi mes déambulations nocturnes avec au bout de la ligne une autre femme. Elle s'appelle Sylvie, elle est française et se révèle être très médiocre sur le plan cul. Dommage, j'aimais bien son corps, ses gros seins fermes. C'est une artiste qui possède un certain talent, d'après ce que j'ai pu en juger lors d'une visite chez elle au cours de laquelle j'ai eu une crise d'allergie costaud, entre les poils de chien et la poussière ambiante. Ma foi c'est la vie. Je ne l'ai plus revue ensuite.
Pendant ce temps, Thérèse a réservé son billet d'avion pour venir me voir en mars jusqu'au 24 ou 25. Deux jours avant son arrivée, je me suis retrouvé dans une situation délicate. Plus d'argent car ma Carte Visa Premier provisoire venait d'expirer et je n'avais pas reçu la nouvelle carte. Après quelques coups de fils grâce au téléphone d'Hélène et de Patrick, je suis mis devant le fait accomplit. Ils n'ont toujours rien envoyé. Donc ça part. Maman m'envoie de l'argent de mon compte via la Poste et me voilà renfloué. Pauvre Maman qui se tire les cheveux avec son rejeton !!
Thérèse arrive finalement le 11. Heureusement j'ai eu juste le temps la veille de laver tous mes vêtements et les draps !! Les pièces du moteur arrivent 2 jours ou 3 jours plus tard. Parfait. Pendant que Thérèse se remet de son décalage horaire, je répare le moteur. Et immédiatement après le temps de séchage de la colle, nous levons l'ancre pour aller à Marigot rejoindre Second Life, Jean-Paul et Sophie et Mousse le chien. Le lendemain nous faisons de l'eau dans la lagune car Thérèse est une grande consommatrice.
Le lendemain nous partons à Tintamarre une petite île déserte située à l'Est de Saint-Martin. Enfin un petit coin de paradis.
Nous étions seuls dans une toute petite crique mouillés sur deux ancres pour ne pas trop rouler. Le lendemain j'ai sorti le méga fusil harpon. Je me suis mis en quête d'un baliste ou d'un maquereau. Je sais que ses deux là ne sont pas très dangereux en terme de ciguatera. J'ai fait aussi quelques tests de plongée en apnée pour voir si je pouvais descendre sans problème. Surprise ! Mon oreille s'est super bien comportée. Alors je suis revenu tout fier avec un super baliste au bout du fusil à environ trois mètres de moi. Ouais, j'avais quand même 300 m à nager avant de revenir vers le bateau, ce que j'ai fait à grands coups de palmes et à grands coups d'œil périphériques.
Thérèse me l'a très bien préparé sur un lit de riz en sauce. Vu la quantité que j'ai encore en soute, c'était tout indiqué (le riz !!).

Dans l'après-midi j'ai levé l'ancre pour aller mouiller dans la seule plage de cette île. Là il y avait évidemment plus de monde. Mais nous en avons rencontré de super sympas. Vers la fin de l'après-midi, je regardais un banc d'alevins autour de la coque, quand une sorte de gros maquereau c'est mis à festoyer là-dedans. Il faisait de rapides rondes autour du bateau ponctuées de raids éclairs sur les pauvres alevins qui, à chaque fois devait compter 1 ou 2 membres en moins (snif !). Alors j'ai senti l'instinct du tueur remonter du tréfonds de ma face sombre. Défenseur du faible et de l'opprimé, Je me suis campé à l'affût, derrière le mât de Winnibelle. Mon visage camouflé couleur algue et crevette, je le pointais ce gros bouffeur d'alevins sans défense. Mais ça nage vite ces cons, de vraies torpilles. Alors il me faisait passer d'un bord sur l'autre. Se sentait-il en danger ? Soupçonnait-il seulement la menace que je faisais peser sur sa dorsale ? Je ne le su jamais. Comme en judo, l'attaque part comme l'éclair au bon moment, sans que l'on sache pourquoi on l'a lancée. Thérèse n'en est pas revenue. Un coup, un maquereau 3 à 4 kilos. Il était bon aussi. Nous l'avons partagé sur la plage de sable fin autour d'un feu de bois et avec deux couples sympas avec qui nous avons passé une excellente soirée.

Le lendemain, je suis parti avec les mecs pour plonger sur l'épave d'un remorqueur coulé il y a 3 ou 4 ans. Ca m'a permis de tâter les 15 m sans trop de problèmes. L'oreille décompresse très bien. C'est à n'y rien comprendre ! A la troisième plongée, en remontant, je me suis retrouvé en face d'un groupe de dauphins. Je m'en suis rapproché à 20 m et là, 2 des membres de cette petite famille se sont détournés pour venir me voir, jusqu'à 10 m. Ensuite, ils ont réintégré leur groupe. C'était tout simplement magique, plein de sérénité et de paix. L'eau est tellement belle lorsqu'elle permet de telles rencontres.
Ensuite nous sommes encore restés 1 journée. Pourquoi partir alors que l'on se trouve au paradis ?
Le lendemain, j'ai levé l'ancre pour aller dans une baie qui s'appelle Orient Bay. Sans grand intérêt sauf pour les plages naturistes qui nous ont offert un spectacle tragi-comique. Tragique pour les pauvres cons qui, les bras semi écartés d'un corps trop obèse, retiennent avec peine, souffle et ventre lourd, peut-être pour que demeure visible la timide excroissance pendouillante qui gigote, coincée entre deux jambes maigrelettes.
Le lendemain, nous sommes allés à l'anse Marcel où nous avons rencontré des gens délicieux. Je leur ai proposé de faire un rond dans l'eau. Ils étaient ravis. Mais, il faut que je sois plus lucide en ce qui concerne la bonne marche du bateau. Avec 6 personnes à bord, je me suis rendu compte qu'une rupture du cycle des habitudes s'opère, avec des conséquences désastreuses. Pourtant, je suis assez rigoureux en ce qui concerne la check-list, mais là, j'ai oublié de changer de place la grosse lampe à pétrole toute neuve, et elle s'est retrouvée sur le plancher avec une fuite dans son réservoir ! Ensuite, j'ai oublié de rentrer le super amortisseur d'ancre dans son coffre. Résultat, il y a un gros cordage de 22 millimètres de diamètre et de 3 m de longueur par 100 m de fond avec une superbe cosse inox et une manille de 8 mm aussi en inox. Les boules !! Bon, les invités m'ont fait la surprise de me racheter l'ensemble, en plus long et en plus gros. Le pied. Ils sont délicieux et ils confirment en nous invitant au restaurant de leur hôtel (Le Méridien).
La lampe, je l'ai réparé avec de la Patex ! On verra combien de temps ça va durer. Puis juste avant de les rejoindre pour aller dîner avec eux, Thérèse, hasard ! En voulant sortir de l'annexe sur la plage, s'est retrouvé coincée par une vague entre le moteur et le boudin à l'arrière de l'annexe. Elle s'est méchamment brûlée au 2e degré. Ca m'a fait mal au cœur. Elle n'avait pas besoin de ça. Tout c'était très bien passé jusqu'à présent. Heureusement Maman m'avait constitué une très belle pharmacie avec un lexique de tous les médicaments, comment s'en servir et dans quelles circonstances. De retour au bateau cela m'a beaucoup aidé pour effectuer les bons gestes tout de suite.
Après consultation d'un médecin à Paris, il n'y avait rien d'autre à faire. Merci Maman. Finalement elle est partie comme prévu après un séjour qui lui a fait beaucoup de bien, malgré l'incident du moteur.

Donc je suis à Marigot en attendant la carte de crédit qui n'est toujours pas arrivée. J'ai gueulé au téléphone et ils m'envoient un transfert de 700 FF à leurs frais. La carte, contrairement à ce que m'avait annoncée la pétasse du Crédit Lyonnais, arrivera ici en 3 semaines. Je devrais donc la recevoir sous très peu. Le fric c'est pour demain jeudi dans une banque française. Pour en revenir au petit moteur, je le regardais d'un sale œil depuis qu'il m'avait cramé les fesses de Thérèse le petit con. Il se met en plus sérieusement à déconner. Impossible de monter dans les tours. J'ai démonté et redémonté et testé et retesté et bricolé et nettoyé et réglé et essayé et réessayé et merde !! Ca ne marche toujours pas. Alors je me dis que ça ne peut être que l'essence. Je n'ai aucune info sur ce moteur dont je ne connais rien et que j'ai du découvrir petit à petit au fil des innombrables pannes. Moteur sur sa chaise avec son réservoir vidé, je décide de me rendre à la rame au quai des annexes quelques 300 m plus loin contre l'alizé. Pour ne pas ramer inutilement sur la distance du bateau avant d'être en eau libre, je me propulse vers l'avant en me tenant au liston. Je profite de cette occasion pour jeter un coup d'œil sur les ridoirs et cadène. Arrivé à l'étrave, je découvre une superbe fissure sur la rotule du ridoir de l'étai. Horreur, j'aurai pu perdre mon mat à n'importe quel moment !!!
Si le moteur ne m'avait pas fait chier comme il l'a fait, je n'aurai sans doute pas découvert cette saleté. En plus j'ai pu réparer dans l'après-midi car un de mes potes navigateurs avait la même pièce en plus costaud, gratos ! En échange je lui ai réparé une prise électrique de pilote automatique, et deux moteurs d'annexe.
Moi je me suis rendu compte que mon problème ne venait pas de l'essence, mais du seul gicleur que je n'avais pas nettoyé car je ne soupçonnais même pas son existence. Voilà, il marche très bien maintenant. J'ai passé une nuit à m'imaginer une cérémonie d'adieux durant laquelle je balançais allègrement l'engin par-dessus bord. A part ça j'ai quand même la petite pompe d'évacuation des eaux usées de la douche qui a rendu l'âme ce matin. J'attendrais des jours meilleurs pour m'en payer une autre.
En attendant, je prends mes douches à l'extérieur. Je sors le soir sans succès. Je rencontre Sabine et Daniel, un quinquagénaire qui a traversé l'Atlantique seul sur un First 35. Sabine était sur le point de me faire de gentilles papouilles sur Winnibelle. C'était sans compter sur la présence criarde et casse-couilles d'un bébé chaton qui a braillé durant toute la soirée. Eh oui, j'ai récupéré un chat à peine âgé de 2 semaines. Il a toujours faim au début car au moment où Sabine et moi allions… le minou était affamé.
Depuis je le nourris à la pipette du flacon d'acide borique. Après l'épisode, nous sommes allés ensemble (les 2 bateaux + le chat !!) à Prickly Pear, une île située au Nord d'Anguila, un régal. Ils sont partis sur le First 35 (Excalibur) vers les Vierges, et moi, je suis rentré à Marigot au près pour préparer mon départ moi aussi vers les Iles Vierges Américaines.
Le plein d'eau fait, les bouteilles de gaz remplies et un peu de bouffe, et me voilà presque prêt, obligé de dégager à la nuit tombante vers la partie hollandaise de Saint-Martin pour échapper à une opération coup de poing organisée par nos amis les flics de la mer. Heureusement je croise Rémi Gout et son magnifique Némo en aluminium. Il rebrousse chemin. Le lendemain je navigue avec lui sa copine Jo et trois amis + un petit (Nicolas fils d'Aline) vers l'Ile de la Fourche. Le pied.
De retour à Simpson's Bay, j'effectue ma sortie le lendemain. Après consultation de mes emails, je vais à Marigot en bus pour téléphoner à Thérèse.
Et là j'apprends qu'elle a tout laissé tomber et qu'elle vient me rejoindre pour la suite du voyage (je ne sais pas que penser de ce nouveau développement !!!).
Un au revoir à mes parents, et me revoilà de retour à bord.
Je répare à la nuit tombante une fuite d'air dans mon annexe et, vers 20 h 15, une fois prêt, je lève l'ancre, seul, dans l'indifférence générale.
Cette île n'attend personne, elle ne constitue comme beaucoup d'autres, qu'un maillon supplémentaire dans l'immense mécanisme antillais qui pompe le fric de tout ce qui le touche.
Saint-Martin est dans mon sillage ainsi que quelques amis rares comme Rémi que je souhaite revoir un jour.





































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